Pour en finir avec les dealers : le titre du livre de Stéphane Gatignon, maire EELV de Sevran, en Seine-Saint-Denis, et de Serge Supersac, policier à la retraite, interpelle. Quelle est leur solution miracle ? Légaliser le cannabis. Les deux auteurs, dont l’ouvrage sort mardi aux éditions Grasset, proposent de mettre fin aux poursuites des consommateurs et même d’organiser au niveau de l’Etat la production et la distribution de cannabis. Une idée pas si révolutionnaire, puisqu’elle est déjà partagée par plusieurs mouvements politiques. Tour d’horizon des positions officielles des grands partis.
A droite, un non catégorique
Les partis de droite opposent tous un non catégorique à la légalisation du cannabis. Au Front national, même si le programme est "en cours de restructuration" en vue de 2012, une chose est sûre : "nous sommes extrêmement réticents à la légalisation du cannabis", affirme Joëlle Mélin, conseillère régionale FN en PACA. Motif principal invoqué, "les dangers pour la santé".
Pour Bruno Beschizza, en charge des questions de sécurité à l’UMP, la légalisation du cannabis est "hors-sujet". Selon lui, ni l’argument sanitaire ni l’argument économique ne tiennent : "aucun spécialiste médical ne dit que ce n’est pas nocif", et légaliser une drogue douce ferait apparaître "d’autres substances sur le marché", affirme-t-il à Europe1.fr. "Dans ce cas, il faut aussi légaliser les kalachnikovs et autres armes de guerre", assène-t-il. Au sujet du cannabis, Bruno Beschizza ne préconise qu’une seule solution, "la répression pénale".
Au Modem, on indique être resté "sur la même ligne qu’en 2007", lors de la dernière présidentielle, à savoir : "pas de drogue, dure ou douce".
La gauche moins unanime
La question du cannabis fait apparaître une réelle fracture droite-gauche. La position distillée par le maire de Sevran Stéphane Gatignon, membre d’Europe Ecologie - Les Verts, dans Pour en finir avec les dealers est sur la droite ligne de celle de son parti. "EELV a toujours été pour la légalisation du cannabis. C’est l’une des positions traditionnelles des Verts, jamais remise en cause en interne", affirme à Europe1.fr Anne Souyris, responsable du projet du parti pour 2012. La question figure d’ailleurs "dans le programme préliminaire" en vue de la présidentielle. Eva Joly, candidate à la primaire EELV, s’est déjà prononcée pour, afin de couper court au marché noir et aux réseaux mafieux.
Même position, et même argumentaire au Nouveau parti anticapitaliste, "favorable à la légalisation du cannabis", pour des questions de "sécurité", explique à Europe1.fr la porte-parole du parti Myriam Martin. "Aujourd’hui, le trafic de cannabis est source d’affrontements", ajoute-t-elle.
Mais la position de certains partis de gauche n’est pas encore arrêtée. C'est le cas du parti communiste (PCF), qui assure à Europe1.fr que tous ses membres "ne sont pas d'accord entre eux" pour le moment.
Au Parti socialiste, "les avis sur les bonnes solutions sont pour l'instant partagés. La réflexion est en cours actuellement", explique à Europe1.fr Najat Belkacem, secrétaire nationale aux questions de société au PS, et en charge du dossier du cannabis.
Une chose sur laquelle les socialistes s’accordent, "la politique actuellement menée en matière de lutte contre l’usage du cannabis est un échec", affirme Najat Belkacem.
Fruit de la réflexion en cours au sein du groupe PS à l’Assemblée nationale, Daniel Vaillant, député-maire PS du XVIIIe arrondissement de Paris, ancien ministre de l’Intérieur du gouvernement Jospin, doit publier mi-mai un rapport sur la légalisation du cannabis. En 2009, il avait été l’un des premiers élus à lancer l’idée de légaliser la consommation de cette drogue.
Contacté par Europe1.fr, le Parti de gauche n’a pas délivré sa position.