Plan de sauvetage de la zone euro, crise de la dette : Nicolas Sarkozy s'est exprimé, jeudi soir à la télévision, depuis son "bureau d'été" du rez-de-chaussée de l'Elysée. Pendant plus d'une heure, il a répondu, en direct sur TF1 et France 2, aux questions de Jean-Pierre Pernaut et Yves Calvi. Europe1.fr a listé les principaux moments de cette émission.
VERS UN NOUVEAU PLAN DE RIGUEUR
Dramatisation sur l'Europe - "Si, mercredi soir, il n'y avait pas eu d'accord, ce n'est pas seulement l'Europe qui sombrait dans la catastrophe, c'est le monde entier", a insisté Nicolas Sarkozy, débutant son intervention en évoquant l'accord sur le plan de sauvetage de la zone euro arraché dans la nuit de mercredi à jeudi à Bruxelles. Répétant à plusieurs reprises, que l'Europe "aurait pu exploser" faute d'un consensus, le chef de l'Etat s'est fait très dramatique, estimant que l'échec du sommet aurait pu entraîner "l'inimaginable", "la faillite de la Grèce", voire le faillite de l'euro. Or si "l'euro explosait, c'est l'Europe qui explosait également", a-t-il insisté. Nicolas Sarkozy a toutefois regretté l'entrée de la Grèce dans l'euro, il y a dix ans."Ni madame Merkel, ni moi n'étions en fonction lorsqu'on a décidé de faire rentrer la Grèce dans l'euro. Disons que ce fut une erreur", a lancé le chef de l'Etat.
Plus réaliste sur la croissance - Nicolas Sarkozy a également annoncé que le gouvernement réviserait sa prévision de croissance à 1% au lieu de 1,75% pour 2012, mais a exclu une augmentation généralisée de la TVA pour combler le déficit de recettes que cela entraînera. Il a en revanche estimé qu'il faudrait un jour envisager de faire participer les importations au financement de la protection sociale."Nous prendrons les décisions d'ici une dizaine de jours, c'est entre six et huit milliards d'économies à trouver", a ajouté le président se refusant, paradoxalement, à parler de plan de rigueur.
Rassurant sur le système bancaire - "Je dis aux épargnants français, vous pouvez avoir confiance en la solidité de vos banques", a insisté le président, très rassurant sur la question. Selon lui, "il n'y a aucune raison de mobiliser le contribuable pour réparer les erreurs des banques". Les banques françaises doivent se recapitaliser sur leurs fonds propres, a-t-il martelé, se montrant peu favorable à une séparation entre les banques de dépôt et les banques d'investissement. Souhaitant enfin que "les pratiques du passé s'arrêtent", le président a dit avoir "demandé au gouverneur de la Banque de France de recevoir dans les jours qui viennent tous les banquiers français, pour qu'ils expliquent leur plan de recapitalisation".
UN SARKOZY QUASI-EN-CAMPAGNE
Agacé sur l'affaire Karachi - Nicolas Sarkozy a ensuite prédit qu'il "ne sortirait rien" de la mise en cause dans l'affaire Karachi de son ami Nicolas Bazire, ancien directeur de cabinet d'Edouard Balladur à Matignon. "Nicolas Bazire est quelqu'un que j'aime beaucoup et qui est mon ami (...) Il a été directeur de cabinet de Balladur, ce qui n'est pas infamant à ma connaissance, il a toute ma confiance et toute mon amitié", a ajouté Nicolas Sarkozy, convaincu que Nicolas Bazire, mis en examen dans le volet financier de l'affaire Karachi, est un "homme profondément honnête". Le chef de l'Etat a aussi rappelé avoir été victime de l'affaire des faux listings de Clearstream et de rumeurs sur sa vie privée. "Un président de la République, ça doit rendre des comptes, la transparence je suis d'accord, la calomnie, non", a-t-il souligné.
Evasif sur sa candidature en 2012 - Le président sortant a balayé d'un revers de main les questions sur son éventuelle candidature en 2012. La question sera tranchée "fin janvier, début février", pas avant, a-t-il indiqué.
Pédagogique sur l'ensemble - "Si votre banque fait faillite Monsieur Pernaut...". Tout au long de son intervention le président s'est montré très pédagogique, n'ayant de cesse de prendre des exemples pour expliquer la crise et la situation de l'euro. Etre pédagogique était d'ailleurs l'objectif qu'il s'était fixé. Dans les sondages, les Français se disent, en effet, particulièrement inquiets par cette crise de la dette qu'ils avouent mal comprendre.