Montebourg dénonce les "politiques absurdes" de Hollande

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Frédéric Frangeul avec AFP , modifié à
L'ancien ministre du Redressement productif critique vertement, dans un entretien aux Echos la politique économique du gouvernement, responsable selon lui de l'augmentation du chômage. 

Pour Montebourg, "un dogmatisme qui mène à l'entêtement". Quelques jours après la défaite de la gauche aux départementales, l'ex-ministre de l'Economie sort du silence dans un entretien aux Echos. Arnaud Montebourg estime que le président François Hollande mène des "politiques absurdes" qui portent "la responsabilité de l'augmentation du chômage" cette interview publiée mercredi sur le site du quotidien économique. Critiquant l'"obsession" européenne de réduction du déficit, selon lui un "dogmatisme qui mène à l'entêtement", le nouveau vice-président d'Habitat craint que l'Europe "s'enfonce dans la crise politique". "Partout des coalitions éclatent ou sont remises en cause par de nouvelles formations qui plaident enfin pour des orientations alternatives", détaille-t-il.

Le PS sur la route du Pasok grec. "François Hollande en 2012 aurait dû prendre la tête de ce courant, au lieu de cela, on mène une politique qui étouffe l'économie et porte la responsabilité de l'augmentation du chômage", poursuit Arnaud Montebourg. Pour lui, "le Parti socialiste est sur la route du Pasok grec". "La reprise est là depuis longtemps. Le président de la République, d'ailleurs, ne cessait de le rappeler. Pour quelle raison n'en avons-nous jamais profité ? Parce que nous menons des politiques absurdes", ajoute Arnaud Montebourg, pour qui l'amélioration récente de la situation économique, "c'est pour des raisons parfaitement indépendantes du gouvernement".

"Le grand désaccord national". Particulièrement cruel avec l'exécutif, il estime en outre que la défaite électorale "carabinée" de la majorité aux départementales est "la conséquence des grands choix qui ont été faits depuis 2012", évoquant la montée du chômage et les baisses de pouvoir d'achat qu'il résume en une expression : le "grand désaccord national". Pas de pitié non plus pour le plan d'investissements de 315 milliards d'euros en trois ans, voulu par le nouveau président de la commission européenne Jean-Claude Juncker, qui selon lui "consiste une fois de plus en recycler de l'argent pas dépensé". 

Macron dans le viseur. Mais Arnaud Montebourg réserve ses piques les plus coriaces à son successeur, Emmanuel Macron, assurant notamment que lui-même n'aurait "pas cédé face aux corporatismes des professions réglementées" et n'aurait "pas renoncé à certaines protections des salariés qui ont fait perdre au gouvernement la majorité sur ce texte".

Arnaud Montebourg sort du silencepar Europe1fr

"Des propos, violents, outranciers, incohérents". Invité jeudi matin d'Europe 1, Jean-Marie Le Guen, secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement, a dénoncé fermement les attaques d'Arnaud Montebourg, son ancien collègue du gouvernement : "ce sont des propos, violents, outranciers, incohérents. C'est un camouflet à tous ceux qui lui ont fait confiance. Il est destructeur de lui-même. Il y a une certaine gauche qui est mortifère, dans le déni de la responsabilité. Et puis il y en a une autre, que représente ce gouvernement, qui assume ses responsabilités."

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