Une grande bouffée d'air avant de se replonger dans les dossiers chauds. Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, a accompli lundi sa traditionnelle montée du mont Beuvray dans le Morvan avec quelque 500 militants de Nièvre et de Saône-et-Loire. "La France a été confiée aux experts et aux financiers. Aujourd'hui, la France a besoin de s'unir", a-t-il déclaré au sommet.
Pourquoi ce rendez-vous ? "C'est né le jour où Jean-Pierre Raffarin, alors Premier ministre, a décidé en 2003, de supprimer le lundi de Pentecôte férié. Nous avions eu l'idée d'une marche militante et festive, de monter le mont Beuvray, avec un pique-nique et des discours politiques au sommet", et ensuite "un match de foot au sommet", a expliqué le député de Saône-et-Loire.
"Là ou Vercingétorix avait réunifié ses tribus"
Ce mont du Morvan se trouve aux confins de la Nièvre et la Saône-et-Loire, proche de Château-Chinon, circonscription chère à François Mitterrand. "Au fil du temps, c'est devenu un rendez-vous politique" estime Arnaud Montebourg. "Cette marche permet de retrouver tous les militants des deux fédérations, la Nièvre et la Saône-et-Loire, et de délivrer des messages politiques au sommet. C'est là où Vercingétorix avait réunifié ses tribus. C'est un lieu symbolique", rappelle-t-il.
Pour le ministre du Redressement productif, c'est "un lieu assez personnel : toute ma famille est enterrée au village au pied du mont Beuvray, mon père, mon grand-père. C'est l'occasion de revenir sur mes pas", a fait également valoir Arnaud Montebourg, né à Clamecy dans la Nièvre.
Une liste noire
Après cette "escapade" en province, Arnaud Montebourg se plongera dans un agenda social très chargé alors qu'il assure préparer un "plan de reconquête industrielle". Mardi, la CGT remettra au Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, une liste destinée au ministre du Redressement productif de 46 entreprises en redressement ou en liquidation, soit près de 45.000 emplois menacés, selon la CGT. Selon la centrale, près de 100.000 personnes pourraient perdre leur emploi en tenant compte notamment des départs négociés dans les entreprises.
Il n'y a pas "plus de plans sociaux" que l'an dernier, de plans sociaux retenus ou de "choses cachées", a estimé dimanche la patronne du Medef, Laurence Parisot, en dénonçant "peut-être" un "habillage politique" de la part de la CGT.
"Des licenciements économiques déguisés"
"L'idée, c'est que le patronat utilise massivement d'autres dispositifs comme les ruptures conventionnelles qui se chiffrent à près de 45.000 par mois. C'est clairement des licenciements économiques déguisés. Ça n'est absolument pas de l'habillage politique, c'est une réalité", rétorque Mohamed Oussedik, spécialiste de l'industrie à la CGT, au micro d'Europe 1.
"La réalité, c'est aussi que des secteurs profitent de la crise comme effet d'aubaine pour détruire des emplois dans l'objectif d'augmenter leurs marges. C'est particulièrement inacceptable. Et face à ça, le gouvernement doit mettre en place ce qu'il a promis : comme par exemple, le droit suspensif sur les licenciements", exhorte-t-il. La CGT doit être reçue mardi par le Premier ministre, qui a convié successivement tout au long de la journée les leaders des syndicats et du patronat pour fixer l'agenda des réformes sociales.