Face au tollé suscité à droite après les propos du député PS Serge Letchimy, qui a établi un lien entre les déclarations de Claude Guéant sur les civilisations et le nazisme, la gauche a été forcée de s'expliquer.
Le président de la région Martinique a en effet provoqué la levée de la séance et le départ des membres du gouvernement. Il faut dire que Serge Letchimy a interpellé le ministre de l'Intérieur avec virulence. "Vous, Monsieur Guéant, vous privilégiez l'ombre, vous nous ramenez jour après jour à ces idéologies européennes qui ont donné naissance aux camps de concentration", a lancé l'élu, qui dirige le Parti populaire martiniquais (PPM).
Au sortir de l'hémicycle, la droite a immédiatement réclamé des "excuses". Et le Premier ministre d'envoyer un communiqué pour demander aux "responsables de l'opposition" de "condamner" les propos du député.
"Une polémique inutile"
Sommé de s'expliquer, le député-maire de Nantes a déclaré que les "provocations réitérées du ministre de l'Intérieur" avaient contribué à dégrader le climat. Jean-Marc Ayrault a ajouté qu'il était "temps de ramener un peu de sérénité dans notre pays".
François Hollande, candidat PS à la présidentielle, s'est refusé mardi soir sur France 2 à présenter les excuses que lui réclame la majorité après les propos du député PS. "Moi ce que je réprouve, c'est cette polémique inutile", a-t-il déploré.
"La parole est libre à l'Assemblée"
De son côté, le député PS Arnaud Montebourg a notamment affirmé qu'il ne jetait "pas la pierre" à son homologue. "On ne peut pas reprocher à Serge Letchimy, député de la Martinique, très proche de feu Aimé Césaire (...) d'avoir dit ce qu'il avait sur le cœur", a-t-il déclaré à BFMTV.
Même son de cloche auprès de Ségolène Royal qui ne reproche pas la prise de position de Serge Letchimy. "Le rôle d'un Premier ministre, c'est de répondre à l'interpellation d'un parlementaire. La parole est libre à l'Assemblée, c'est le cœur battant de la République, là où les élus s'expriment", a-t-elle affirmé lors d'une conférence de presse à Marseille.
"Je condamne les uns et les autres"
Cécile Duflot, secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les-Verts (EELV), a estimé mardi que "quand on commence à arroser le fumier comme le fait Claude Guéant", on "aboutit à ce genre de débat".
Interrogé au JT de TF1, François Bayrou a quant à lui déploré l'émergence de tel débat. "Je condamne les uns est les autres. Cela fait des jours que l'on assiste à une escalade indécente", a dénoncé le centriste.
Alors que le PS ne souhaitait pas réagir aux propos de Claude Guéant, il semblerait que la polémique se retourne contre le parti.