L’INFO. Nouveau coup dur pour l’exécutif. Le site Médiapart a mis en ligne jeudi une enquête au vitriol sur un très proche de François Hollande, Aquilino Morelle, accusé, pêle-mêle, d’abuser des privilèges de la République et d'avoir des relations curieuses avec les laboratoires pharmaceutiques à l’époque où il était à l’Inspection Générale des Affaires Sociales (l'IGAS). Des accusations qui ont poussé Aquilino Morelle a annoncé sa démission, vendredi. Et si les gens ne le connaissent pas, l’homme était plus qu’important dans le dispositif présidentiel, comme l’a conté vendredi matin caroline Roux, éditorialiste politique d’Europe 1.
Valls, "son ami". Aquilino Morelle, c’est un homme de l’ombre, un conseiller qui avait l’un des rares bureaux jouxtant celui du président. Ce n’était d’ailleurs pas rare de voir François Hollande passer une tête dans le bureau lorsque son conseiller reçoit des journalistes. Aquilino Morelle, c’était aussi l’homme de la taxe à 75 %, la plume du discours du Bourget. De 1997 à 2002, il fût également l'auteur des discours de Lionel Jospin, alors Premier ministre. Et, depuis deux mois, c’était surtout le grand ordonnateur de la communication présidentielle.
Le conseiller politique du président n’avait pas que des soutiens, mais il en avait, à commencer par Arnaud Montebourg, qu’il avait soutenu pendant la primaire socialiste, en 2011. Mais aussi - et surtout - Manuel Valls, avec qui il a travaillé au cabinet de Lionel Jospin. Quand on évoque devant lui l’actuel Premier ministre, il assure que c’est avant tout "son ami". Les proches d’Aquilino Morelle sont d’ailleurs persuadés qu’à travers lui, c’est Manuel Valls qu’on voulait atteindre.
"Ça ne passe pas avec les élus". Être au cœur du dispositif du pouvoir implique également quelques inimitiés. L’un des ministres les plus influents a récemment conseillé au président de prendre ses distances avec Aquilino Morelle, parce qu’il considérait qu’il manquait de sens politique. Et il ne pouvait pas compter sur les parlementaires pour le soutenir. "Il est au cœur du pouvoir alors qu’il n’a jamais vu un électeur de sa vie, ça ne passe pas avec les élus", confirme un député bon connaisseur de l’Elysée. Le conseiller de l'ombre a en effet du mal avec le suffrage universel. En 2002, il avait renoncé à l'idée de se battre pour devenir député de la deuxième circonscription des Vosges, sous la pression de Christian Pierret, ancien élu de la même circonscription. Et aux législatives de 2007, il avait perdu dès le premier tour dans la 6e circonscription de Seine-Maritime.
Et à l’Elysée, avait-il ses soutiens ? Là encore, ce dandy surdiplômé de 51 ans, docteur en médecine - c'est notamment lui qui a rédigé le rapport sur le Mediator, en 2010, à la demande de Xavier Bertrand, alors ministre de la Santé -, énarque, né d'une famille d'immigrés espagnols asturiens, avait ses détracteurs. Les querelles de cours dans le Palais présidentiel sont sourdes, mais brutales. Avec l’ancien secrétaire général de l’Elysée Pierre-René Lemas, le quotidien avait même tourné à la bataille rangée. Mais c’est pourtant un autre homme qui risque bien de payer les pots cassés dans cette affaire. La République exemplaire, les règlements de compte dans son entourage, son conseiller mis en cause et obligé de démissionner… ce n’est certes pas lui qui était visé, mais c’est bien François Hollande qui trinque...
DÉMISSION, DÉMISSION - "A. Morelle doit démissionner", tweete un député PS
RIPOSTE - Liens avec les labos : la réponse d'Aquilino Morelle