C’est un "non" à l’unisson. Le Parti socialiste, tous courants confondus, a refusé mercredi de se plier à l'agenda du gouvernement sur la réforme des retraites. Dans l'espoir de mettre fin au brouhaha qui règne en interne depuis quelques semaines sur la question, le premier secrétaire du PS, Martine Aubry, a dirigé dans l'après-midi une "réunion de calage" entre les différentes sensibilités avant un débat, sans vote, du Bureau national, l'exécutif du parti.
Le PS prêt à travailler
Sur les retraites, "nous avons nos réponses" prêtes, a assuré l'ancienne ministre des Affaires sociales. "Simplement, ce n'est pas nous qui sommes au gouvernement et nous ne souhaitons pas faire des propositions pour que le gouvernement en picore une ou deux, celles qui l'arrangent, et dont on sait qu'elles ne régleront pas le problème", a-t-elle ajouté.
Elle rencontrera le ministre du Travail, Eric Woerth, mardi prochain. "Dès lors que c'est juste, que c'est ouvert, nous sommes prêts à travailler mais pas le couteau sous la gorge avec une seule volonté : faire semblant d'avoir du courage", a prévenu la maire de Lille.
"Il est urgent d’attendre"
"En gros, on a plutôt décidé de ne rien décider, qu'il était urgent d'attendre", commente-t-on dans l'entourage de l'ancien premier secrétaire, François Hollande. "On ne va pas compliquer les choses. Martine Aubry souhaite ce calendrier pour des raisons proprement politiques, face à la droite, mais aussi parce que (les retraites) peuvent causer du grabuge chez nous", ajoute-t-on de même source.
Après avoir provoqué des remous en janvier - quand elle avait semblé ouvrir la porte à un report de l'âge légal - Martine Aubry a esquissé la "philosophie politique" d'une réforme estampillée PS la semaine dernière dans Le Monde, aussitôt sévèrement critiquée par le gouvernement.
Une unité précieuse
L'aile gauche du PS refuse d'entendre parler de repousser l'âge légal au-delà de 60 ans, et préconise de se concentrer sur la recherche de nouvelles ressources pour financer le système. Des voix discordantes que Martine Aubry fait mine de ne pas entendre.
Pour le PS et Martine Aubry, l'unité retrouvée de ces derniers mois sur fond de victoire aux élections régionales est au moins autant en jeu que la crédibilité du parti et de sa dirigeante, à deux ans de la prochaine présidentielle.