"J'ai décidé de dissoudre l'Assemblée nationale". Que se passerait-il si François Hollande prononçait aujourd'hui cette phrase lancée par Jacques Chirac en 1997 ? Europe 1 a fait le calcul, en réalisant des projections sur d'éventuelles élections législatives à partir du résultat des départementales de mars. Les principaux enseignements : une victoire de la droite, un contingent Front national solide bien que minoritaire, mais aussi une bonne résistance du bloc de gauche.
En superposant la carte des circonscriptions sur celle des nouveaux cantons, on peut projeter les choix des électeurs aux départementales sur 513 des 577 circonscriptions, Paris, Lyon, certains territoires d'outre-mer et les Français de l'étranger n'étant pas concernés par les départementales.
>> Voici les résultats de ces projections :
• La droite et le centre l'emporteraient en obtenant entre 273 et 310 députés, contre 228 aujourd'hui en additionnant l'UMP et l'UDI. La conséquence serait une cohabitation, puisque François Hollande serait contraint de nommer un Premier ministre issu de la majorité qui se dégage à l'Assemblée.
• Le bloc de gauche oscillerait entre 171 et 213 députés, contre 338 aujourd'hui si l'on ajoute les communistes, radicaux et écologistes aux élus socialistes. Une forte baisse, mais pas un effondrement : on est loin des législatives de 1993, lorsque le PS était tombé à 57 députés. Le PCF serait certain de conserver au moins deux élus. Dans le cas des Verts, leur présence à l'Assemblée reposerait en grande partie sur leur capacité à s'accorder avec le PS. Ce qu'ils ont refusé dans la plupart des cantons lors des départementales.
• Quant au Front national, il enverrait entre 19 et 36 députés à l'Assemblée nationale. Soit une explosion de son contingent, puisqu'il ne dispose actuellement que de deux élus, dont l'un n'est même pas étiqueté FN mais Rassemblement bleu marine. Surtout, ce nombre lui permettrait de former un groupe politique au Palais Bourbon, et donc d'accéder à des postes clés de l'Hémicycle.
Méthodologie. Nous avons établi ces projections à partir des résultats du premier tour des élections départementales, en répartissant les voix en trois blocs gauche/droite/FN. Nous avons pris en compte trois à quatre cantons par circonscription, généralement les plus peuplés, en tenant compte de leur diversité (équilibre entre le centre et la périphérie). Ces estimations ont été pondérées en fonction des reports de voix (souvent peu favorables entre la gauche de la gauche et le PS) et de l'historique électoral des circonscriptions. Une forte incertitude persiste dans 48 circonscriptions, où les scores de la droite, de la gauche et du FN présentent des écarts très faibles.