Candidats à l’adhésion au FN, méfiez-vous. Car désormais, il faut montrer patte blanche pour devenir un membre du parti d’extrême droite. Le Parisien révèle mardi la mésaventure qu’a connue un jeune homme qui souhaitait adhérer, mais à qui le parti de Marine Le Pen a opposé un refus. Le motif : Didier Espana, l’intéressé, apparaît sur une liste noire du Front national. "Vous figurez sur la liste des indésirables de notre mouvement", a répondu par lettre Steeve Briois, secrétaire général du FN, à sa demande d’adhésion.
Le cas Espana. Didier Espana n’est pourtant pas un nouveau militant. L’homme a été inscrit à Bagnolet, dans la Fédération FN de Seine-Saint-Denis, pendant huit ans. Mais il a quitté le parti en 2010, alors que Marine Le Pen s’apprêtait à prendre les rênes en lieu place de son père. Plus de trois ans plus tard, il souhaitait revenir au bercail. "Je ne sais pas pour quelle raison il est aujourd’hui indésirable", assure dans Le Parisien Gilles Clavel, secrétaire départemental de Seine-Saint-Denis. Le quotidien avance une piste : Didier Espana a été candidat pour Debout la République, le parti de Nicolas Dupont-Aignan, aux dernières législatives. Or, la fuite vers un autre parti politique pourrait être l’un des facteurs de refus d’adhésion.
Les cas de refus. C’est Steeve Briois lui-même qui égrène la liste des motifs de refus d’adhésion. "La ligne politique, les comportements racistes ou antisémites, ceux qui perturbent par leur attitude le bon comportement de leur fédération ou encore ceux qui sont partis vers d’autres formations politiques", énumère le secrétaire général du Front national. Jusqu’alors, seuls des cas d’exclusion étaient connus. Certains, comme celui d’Alexandre Gabriac, exclu pour un salut nazi, ou d’Anne-Sophie Leclère (photo), qui avait comparé Christiane Taubira à un singe, ont d’ailleurs connu un retentissement médiatique certain.
"Nos statuts l’autorisent". Pour autant, Steeve Briois dément l’existence même d’une liste nominative précise. "Mais on conserve les identités de tous ceux qui un jour ont été au Front national", reconnaît le conseiller municipal d’Hénin-Beaumont, dans le Pas-de-Calais. "Quand une personne veut revenir, il suffit de taper son nom sur notre fichier pour savoir qu’elle a été exclue ou bien qu’elle est partie pour des motifs bien spécifiques. On filtre, nos statuts l’autorisent", assure-t-il. Une affirmation difficile à vérifier, puisque lesdits statuts ne sont pas publiés sur le site internet du parti.
Une dizaine de cas par an. Le cas de Didier Espana n’est pas isolé. Steeve Briois admet ainsi une dizaine de cas par an. "Il s’agit parfois de fous, au sens psychiatrique du terme", assure le secrétaire général du FN.