Nicolas Sarkozy, candidat à la primaire de la droite pour la présidentielle, a prôné mercredi à Calais "le rétablissement systématique des contrôles à toutes les frontières" du pays, pour que la France ne soit pas "submergée" par les migrants, critiquant "la démission de l'État". Lors d'un déplacement de 2 heures 30 environ dans la cité portuaire, l'ancien président a flatté la fibre patriotique. "Les accords du Touquet doivent être renégociés" et les Français "n'ont pas vocation à être les douaniers des Anglais", a-t-il dit. En 2003, Nicolas Sarkozy avait, lorsqu'il était ministre de l'Intérieur, lui-même signé ce texte instituant la frontière britannique sur le sol hexagonal.
Accompagné notamment de la maire de la ville, Natacha Bouchart, et de Xavier Bertrand, président de la région des Hauts de France, Nicolas Sarkozy a visité dans la matinée le port de Calais, emprunté par de nombreux camions en route pour Douvres. Il a pu voir un camion transportant de la laine dans lequel s'étaient cachés une dizaine de migrants, a constaté un journaliste de l'AFP. Il a ensuite assisté à l'Hôtel de ville à une réunion avec des professionnels (policiers, hôtellerie, transporteurs routiers...) et des riverains du camp de la "Jungle" qui ont fait part de leur exaspération face à la crise migratoire.
" Les accords du Touquet doivent être renégociés "
"La bataille commence à Vintimille". Interrogé sur la manière de régler la question des migrants à Calais, Nicolas Sarkozy a expliqué que la première décision à prendre était "le rétablissement systématique des contrôles à toutes les frontières", soulignant que l'espace Schengen "n'existait plus". "La question est d'éviter que la France ait des frontières qui soient des passoires et qu'on se trouve submergé, donc la bataille commence à Vintimille" a t-il lancé.
Calais illustre "la démission de l'État". Selon Nicolas Sarkozy, le dossier calaisien illustre "comme jamais" la "démission de l'État", alors que François Hollande est attendu lundi dans la ville. Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a promis le démantèlement de la "Jungle", ou vivent, a dit le candidat, 11.000 personnes (contre 6 900 selon le dernier comptage officiel de la préfecture en août). Au passage, il s'en est pris au plan de démantèlement exposé ces jours derniers par le ministre. "La question n'est pas de vider la Jungle et de la mettre dans mille, cent ou dix endroits ! une fois la Jungle vidée, si les frontières restent des passoires, dans six mois je reviens à Calais et c'est la même chose" a t-il soutenu.
"Toute personne qui n'a pas fait une demande de réfugié politique sera expulsé". Selon lui, deux types de population vivent dans le camp : ceux qui veulent partir en Grande-Bretagne et ceux qui veulent vivre en France. Pour les premiers, "il faudra bien qu'il y ait un centre de traitement en Grande-Bretagne pour l'entrée des réfugiés en Grande-Bretagne", a t-il dit, reprenant une proposition qu'il avait faite début septembre. Concernant les seconds, "toute personne qui n'a pas fait une demande de réfugié politique sera expulsé" à t-il promis, se prononçant pour que les demandes d'asile politique soient "instruites dans le mois" et que l'Europe se mette d'accord pour établir une liste des "pays sûrs" pour renvoyer les déboutés de l'asile.
À sa sortie de la mairie, l'ancien président, assailli par de nombreux journalistes, n'a fait aucune déclaration. Il doit poursuivre sa visite dans la région par une séance de dédicaces de son ouvrage Tout pour la France à Tourcoing, avant une réunion publique à Marcq-en-Baroeul. "J'ai dit à Nicolas Sarkozy l'urgence du démantèlement. J'attends comme les Calaisiens ses propositions", a pour sa part affirmé Xavier Bertrand, dans un tweet.
J'ai dit à @NicolasSarkozy l'urgence du démantèlement. J'attends comme les calaisiens ses propositions. #Calaispic.twitter.com/ikHxxBtcvb
— Xavier Bertrand (@xavierbertrand) 21 septembre 2016