A gauche, une "majorité gouvernementale" introuvable ?

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Dès sa victoire à la primaire PS entérinée, Hamon a annoncé dimanche qu’il chercherait à s’allier avec Jadot et Mélenchon. Un bon sens électoral qui est encore loin d’être une réalité.

C’est ce qu’on appelle une main tendue, de manière claire et nette. Dès son discours de victoire, dimanche au second tour de la primaire du PS, Benoît Hamon a fait part de sa volonté de construire une "majorité gouvernementale cohérente" avec tous ses adversaires battus. Mais aussi, et surtout, avec Jean-Luc Mélenchon et Manuel Valls. Electoralement, cela semble indispensable pour conserver un espoir de l’emporter à la présidentielle. Et politiquement, puisque  c’est l’aile gauche du PS qui l’a emporté, ce n’est pas une aberration. Pourtant, le chemin s’annonce long et tortueux. Et il pourrait bien se terminer dans une impasse.

Une condition de la victoire. Une alliance entre le candidat soutenu par les communistes, les écologistes et les socialistes, dans le contexte actuel, semble être une condition nécessaire -mais pas suffisante- pour rêver à la victoire au printemps 2017. Aujourd'hui, avec trois candidats à gauche (Yannick Jadot, Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon), plus l’épouvantail Emmanuel Macron, croire au succès relève d’une douce utopie. En revanche, ces trois-là réunis peuvent, en théorie, voir plus haut.

Dans le dernier sondage Kantar-Sofres pour Le Figaro, publié dimanche soir, Benoît Hamon est en effet crédité de 15% d’intentions de vote, Jean-Luc Mélenchon de 10%, Yannick Jadot de 2%. Soit un total de 27% d’intentions de vote, quand Marine Le Pen est créditée de 25%, François Fillon de 22% et Emmanuel Macron de 21%. La politique n’est certes pas une affaire d’arithmétique, ni de sondages, mais l’étude montre tout de même qu’une alliance entre les trois hommes de gauche permet de peser beaucoup plus lourd. Voire de rêver au second tour.

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Proximité idéologique. S'il augmenterait grandement les chances de qualification du candidat au second tour de la présidentielle, le large rassemblement voulu par Benoît Hamon semble néanmoins très compromis. Certes, Yannick Jadot comme Jean-Luc Mélenchon ont reconnu, ces dernières semaines, une certaine proximité entre leur programme et celui de l'ancien ministre de l'Éducation. Début janvier, le vainqueur de la primaire EELV avait ainsi décerné à Benoît Hamon la médaille du candidat "incontestablement le plus écologiste" des quatre "grands" de la primaire de la gauche. "S'il perd, qu'il vienne, qu'il nous rejoigne, qu'il apporte ses compétences, ses idées, son énergie", avait-il ajouté. Michèle Rivasi, eurodéputée écologiste défaite à la primaire de son parti, affirmait quant à elle qu'il "faut travailler ensemble".  

Le 24 janvier, c'était au tour de Jean-Luc Mélenchon d'esquisser un geste timide. "Benoît Hamon sera le bienvenu pour boire un bon café", disait-il alors sur le plateau de France 2. "S'il devait l'emporter, cela validerait des positions que nous défendons depuis des années", renchérissait Manuel Bompart, directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon, dans le Monde. Une façon de dire qu'idéologiquement, les deux candidats ne sont donc pas très éloignés.

Rassemblement compromis. Mais de la proximité à une alliance en bonne et due forme, il y a un fossé que personne n'est prêt à franchir. Dimanche soir, après l'annonce officielle de la victoire de Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon n'a pas cédé un pouce de terrain. "À présent, c'est à nous, qui avons porté [le programme de L'Avenir en commun] tant d'années, d'être à la hauteur pour le rendre victorieux. La campagne des 'Insoumis' et ma candidature sont là pour cela. Rien que pour cela." Pas de doute : le cofondateur du Parti de Gauche voit la victoire de Benoît Hamon comme la confirmation que ses idées plaisent à une partie de l'électorat de gauche. Et pas comme une opportunité politique.

Sa porte-parole, Raquel Garrido, a enfoncé le clou sur France Info. "Est-ce que c'est vraiment le PS qui est le mieux placé pour incarner le mouvement 'dégagiste' [le fait que les Français votent contre les candidats au pouvoir précédemment, comme Manuel Valls et Nicolas Sarkozy] ? La France Insoumise est mieux placée." Et si Benoît Hamon s'aventurait à suggérer un effacement de Jean-Luc Mélenchon, "ce serait de l'arrogance solférinienne". Rien de moins.

Yannick Jadot, de son côté, a fermé la porte à un ralliement, mercredi, lors d'une interview sur Radio J. "Pensez-vous que le PS, qui sera le parti politique qui fera la campagne [de Benoît Hamon] est pour la sortie du nucléaire, contre l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, pour le revenu universel ? Evidemment pas", a-t-il déclaré. En somme, "le problème" de Benoît Hamon est bien "d'être au PS, qui n'est pas un parti écologiste". "C'est lui qui devrait nous rejoindre", a conclu Yannick Jadot. L'ancien ministre de l'Éducation ayant remporté le scrutin, une telle issue semble plus qu'improbable.