La peine est plus sévère que les réquisitions et fait déjà grand bruit. Nicolas Sarkozy a écopé d'un an de prison ferme, jeudi, pour le financement illégal de sa campagne présidentielle de 2012, dans le dossier Bygmalion. Il s'agit de la peine maximale encourue. L'ancien chef de l'Etat, absent de l'audience, va faire appel, ce qui suspend donc cette décision. Celle-ci a longuement été motivée par Caroline Viguier, présidente du tribunal correctionnel de Paris, lors de la lecture du jugement.
"Il avait une expérience de candidat"
Nicolas Sarkozy "a poursuivi l'organisation de meetings" électoraux, "demandant un meeting par jour", après avoir été "averti par écrit du risque de dépassement" du plafond légal, a-t-elle déclaré. Le tribunal correctionnel de Paris lui reproche d'avoir "volontairement omis d'exercer un contrôle sur les dépenses" qu'il avait pour obligation de certifier exactes. Dès le 18e meeting, le 31 mars 2012, le plafond a été dépassé.
"Ce n'était pas sa première campagne, il avait une expérience de candidat", a poursuivi Caroline Viguier. La juge a rappelé que Nicolas Sarkozy avait été averti à deux reprises, avec une première note d'alerte dès le 7 mars. Tout cela a abouti à un dépassement de ses comptes de campagne de 20 millions d'euros en 2012.
"Totale désinvolture"
L'attitude de Nicolas Sarkozy pendant le procès a également ulcéré le parquet. Contrairement à ses coprévenus présents tous les jours, il n'était venu à l'audience que pour son interrogatoire. Une façon de se placer "au-dessus de la mêlée", selon le tribunal. La "totale désinvolture" de celui qui "ne regrette visiblement rien" est "à l'image de la désinvolture dans sa campagne", avait lancé la procureure Vanessa Perrée.
Pour l'avocat de l'ancien président, Me Thierry Herzog, cette peine est inédite. "La peine prononcée est le maximum de la peine encourue alors même que jamais une juridiction ne peut envisager une sanction maximum lorsque le prévenu, ce qui est son cas aujourd'hui, n'a jamais été condamné. Nicolas Sarkozy n'a jamais demandé à être mieux traité qu'un autre mais n'a aucune raison de l'être moins bien."
Un tribunal sévère avec tous
Les peines ont été sévères également pour les 13 autres prévenus. La présidente a parlé d'une concertation frauduleuse au bénéfice d'un candidat à son propre renouvellement. Les quatre responsables de Bygmalion ont ainsi été condamnés à des peines allant de deux à trois ans et demi de prison, dont une partie avec sursis pour abus de confiance, faux, usage de faux et escroquerie. 100.000 euros d'amende également et l'interdiction de gérer une entreprise.
Certains responsables de l'UMP à l'époque ont été condamnés pour les mêmes chefs avec des peines complémentaires d'inéligibilité. Toutes les peines fermes seront directement aménagées, sous surveillance électronique à domicile, a précisé le tribunal.