La justice a reporté mercredi à 2018 l'examen des recours de Nicolas Sarkozy contre son renvoi devant le tribunal dans l'affaire Bygmalion, dans l'attente d'une décision de la Cour de cassation sur la constitution de partie civile de l'association Anticor, selon des avocats. La demande de renvoi de l'audience prévue mercredi matin devant la cour d'appel de Paris, émanait de Guillaume Lambert, ex-directeur de la campagne présidentielle 2012 de Nicolas Sarkozy à laquelle l'ancien chef de l'Etat s'est également associé. Son avocat historique Thierry Herzog a réfuté toute idée d'un "sursis" pour retarder la tenue d'un éventuel procès.
Anticor se constitue partie civile. Me Herzog a fait valoir qu'il était "difficile de tenir" l'audience sur le dossier Bygmalion avant que la Cour de cassation ne se soit prononcée - la décision sera rendue le 31 janvier - sur le pourvoi formé par Guillaume Lambert pour contester la constitution de partie civile de l'association anticorruption Anticor. Le pourvoi a été examiné mercredi, alors même que non loin allait s'ouvrir l'audience à huis clos devant la chambre de l'instruction sur les appels des protagonistes du dossier Bygmalion, dont celui de Nicolas Sarkozy.
Un dépassement de 20 millions d'euros. L'ancien chef de l'Etat conteste son renvoi devant le tribunal pour le présumé "financement illégal" de sa campagne présidentielle de 2012, en raison d'un dépassement de plus de 20 millions d'euros du plafond autorisé des dépenses électorales. Les magistrats de la cour d'appel ont accepté de reporter l'audience à une date ultérieure, en tout état de cause après la décision de la Cour de cassation et probablement au premier trimestre. L'audience de mercredi, la première depuis la décision du juge d'instruction en février d'ordonner un procès, devait être consacrée aux appels de Nicolas Sarkozy et d'une grande partie des protagonistes de l'affaire sur les dépenses excessives de la campagne présidentielle et du système de fraude visant à masquer ce dépassement via des fausses factures de la société de communication Bygmalion.
Une première sanction. Il y a plusieurs jours, l'avocat de l'ancien président y avait joint également une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) dont l'examen a également a été renvoyé à la prochaine audience. Thiery Herzog fait valoir que Nicolas Sarkozy a déjà été sanctionné définitivement en 2013 par le Conseil constitutionnel pour le dépassement du plafond autorisé. "Personne ne peut être poursuivi deux fois pour les mêmes faits", a déclaré Thierry Herzog après le renvoi. Cette décision avait été prise avant la révélation de l'affaire et portait sur un dépassement, bien moindre, de 363.615 euros. Cette décision "s'impose à toutes les juridictions", a argumenté l'avocat. La chambre de l'instruction de la cour d'appel aura à se prononcer sur la transmission ou non de cette question à la Cour de cassation, en vue d'une éventuelle saisine du Conseil constitutionnel.