Comment Jérôme Cahuzac, l’ancien ministre condamné pour fraude fiscale, a-t-il pu mentir pendant des mois sur l'existence de son compte en Suisse ? Selon Charlotte Chaffajon, journaliste et auteure de "Jérôme Cahuzac, les yeux dans les yeux", l’ex-socialiste avait "un sentiment de toute puissance, d’être insubmersible". "Quand un ministre dit ‘parole contre parole’, on comprend son état d’esprit. Rien ne peut le toucher", a analysé la journaliste au magazine Ebdo, mardi dans l’émission Hondelatte raconte sur Europe 1.
"Dans sa tête, la dimension judiciaire n’existait pas." Le site Mediapart avait révélé en décembre 2012 que Jérôme Cahuzac, alors ministre délégué chargé du budget, détenait un compte en Suisse. Pendant plus de trois mois, il a menti avec aplomb, avant d’être poussé à la démission en mars 2013 après l’ouverture d’une information judiciaire. "Il commence à s’affaiblir, à devenir paranoïaque quand la justice entre en jeu en janvier 2013. Là, il se rend compte que ce n’est pas parole contre parole, mais que des éléments concrets vont finir par être retrouvés", explique Charlotte Chaffajon.
"Cahuzac subjugue même les gens qui ne l'aiment pas." "Jérôme Cahuzac est charismatique, il subjugue même les gens qui ne l’aiment pas. Pendant quatre mois il a répété à ses proches, aux membres du gouvernement que c’était parole contre parole. Dans sa tête, la dimension judiciaire n’existait pas", a assuré la journaliste. Jérôme Cahuzac ne reconnaîtra les faits qu’en avril 2013. Jugé en première instance en décembre 2016, l’ancien ministre a été condamné pour fraude fiscale à 3 ans d’emprisonnement et 5 ans d’inéligibilité. Il a fait appel et sera rejugé à partir du 12 février prochain.