Assemblée : les oppositions furieuses contre l'examen nocturne du projet de loi «plein emploi»
La colère régnait dans la nuit de mercredi à jeudi à l'Assemblée nationale. La plupart des oppositions ont claqué la porte de commission chargée de l'examen du projet de loi "plein emploi". Elles dénoncent l'adoption nocturne de ce texte, qui s'est déroulée à 2 heures du matin. Un texte qui sera examiné lundi dans l'hémicycle.
La plupart des oppositions ont claqué la porte de la commission chargée de l'examen du projet de loi "plein emploi" à l'Assemblée nationale dans la nuit de mercredi à jeudi, fustigeant l'adoption nocturne du texte, dont elles souhaitaient poursuivre l'examen le lendemain. "On ne peut pas démarrer la session comme ça, c'est un très mauvais signal", a protesté le député communiste Pierre Dharréville, alors que l'examen de ce texte à partir de lundi dans l'hémicycle doit marquer le coup d'envoi d'une nouvelle saison parlementaire qui s'annonce mouvementée.
"On ne traite pas des sujets à moitié réveillés"
En quittant la commission des Affaires sociales, les députés de la coalition de gauche Nupes , Les Républicains et du groupe Liot (Libertés, indépendants, outre-mer et territoires) ont voulu protester contre des conditions jugées "indignes". "Les conditions étaient inacceptables", a justifié le député Insoumis Hadrien Clouet. Ce "n'est pas un cadre sain pour débattre", a renchéri son collègue socialiste Arthur Delaporte, alors qu'ils devaient encore aborder des mesures concernant la petite enfance et l'insertion des personnes handicapées.
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Pour l'écologiste Marie-Charlotte Garin, il y a "des sujets qu'on ne doit pas traiter à moitié réveillés". Après le départ des députés mécontents, la commission a adopté après 02H00 du matin le texte, déjà voté en juillet en première lecture au Sénat. Porté par le ministre du Travail Olivier Dussopt, il fixe l'objectif de réduire le taux de chômage à 5% d'ici 2027, en misant sur une meilleure coordination des acteurs de l'emploi et sur un accompagnement plus contraignant des demandeurs d'emploi, jugé "stigmatisant" par la gauche.
Le camp présidentiel avait obtenu par un vote remporté de justesse mercredi la prolongation des débats après minuit, arguant que la poursuite le lendemain n'aurait pas permis de respecter les délais nécessaires avant l'examen dans l'hémicycle.
"La majorité a un problème avec le Parlement"
"Ils ont adopté leur petite loi entre eux, leur petite tambouille dans leur petite cuisine", a dit à l'AFP le député LR Philippe Juvin. Son groupe est favorable aux nouvelles contraintes prévues pour les allocataires, mais a des réticences sur d'autres pans du texte, concernant notamment l'accueil des jeunes enfants. La ministre en charge du dossier, Aurore Bergé , "est venue se faire auditionner à 01H30 du matin", a déploré Philippe Juvin, jugeant que "la majorité a vraiment un problème avec le Parlement".
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Le député Rassemblement national Jocelyn Dessigny, également hostile à la prolongation nocturne, n'avait toutefois pas quitté la commission. "Il y a une opposition qui respecte les règles, même quand elle n'est pas d'accord", a-t-il fait valoir. "C'est difficile pour un député qui rentre de vacances de dire qu'il est fatigué", a répliqué jeudi l'élu Horizons Paul Christophe, rapporteur du projet de loi "plein emploi", renvoyant la responsabilité des débats nocturnes aux oppositions et à leur millier d'amendements déposés pour "emboliser" le texte.