L'Assemblée nationale a repris ses travaux dans l'hémicycle lundi par un débat sur la guerre en Ukraine et ses conséquences en France, avec un appel d'Élisabeth Borne à "continuer les sanctions" pour "rendre le coût de la guerre insupportable pour la Russie". La discussion a été marquée par quelques piques entre la majorité et le Rassemblement national, qui critique l'impact de sanctions "contre-productives" pour le pouvoir d'achat des Français.
Le débat sur l'assurance chômage promet d'être électrique
En soirée, le débat sur l'assurance chômage promet d'être électrique. Cette mesure injuste pour la gauche est décriée, notamment par Alexis Corbière, une des figures de La France insoumise, qui se prépare à affronter le gouvernement. "C'est la bagarre qui commence", lance d'entrée le député au micro d'Europe 1. "C'est la bagarre sociale, dans le sens où il faut créer les conditions pour que ça ne passe pas parce que c'est un recul social", estime-t-il.
Si certains députés LFI menace de faire de l'obstruction parlementaire, en déposant des milliers d'amendements, dans les rangs de la majorité, on refuse cette escalade de la confrontation. Prisca Thévenot, députée Renaissance des Hauts-de-Seine, appelle les oppositions à la responsabilité. "Il ne faut pas s'opposer mais s'additionner", lance-t-elle. Les députés macronistes espèrent surtout recevoir le soutien des Républicains pour faire adopter ce projet de loi.
L'ambassadeur d'Ukraine ovationné par les députés
Avant ce débat attendu, et la prise de parole de la Première ministre, la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, de retour d'Ukraine où elle a rencontré le président Volodymyr Zelensky, avait insisté sur "l'appui indéfectible de l'Assemblée nationale française à l'Ukraine et à son peuple". Présent dans les tribunes, l'ambassadeur Vadym Omelchenko a été ovationné par les députés. Ce débat sans vote, organisé au titre de l'article 50-1 de la Constitution, aura aussi lieu au Sénat le 26 octobre.
Dans la majorité, la cheffe des députés Renaissance Aurore Bergé a interpellé "ceux qui appellent à remettre en cause les sanctions" et "jouent avec les peurs de nos concitoyens". "Parlez directement à vos créanciers", a-t-elle lancé en direction du RN. Le parti d'extrême droite a contracté en 2014 un prêt de 9 millions d'euros auprès d'une firme russe, Aviazapchast, dirigée par d'anciens militaires, toujours en cours de remboursement.
Le RN se défend sur son prêt contracté auprès d'une banque russe
Le RN renvoie la faute sur les banques françaises et leur refus de lui prêter de l'argent à l'époque. Orateur du RN, Jérôme Buisson a fustigé "l'incurie de la politique de défense" et "l'incurie énergétique" du gouvernement. Aux sanctions globales, son parti privilégie "des sanctions ciblées" visant les oligarques, a-t-il expliqué. Le Rassemblement national maintient aussi son opposition à la livraison d'armes offensives, en estimant qu'elle ferait de la France un "cobelligérant".
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La France envisage de nouvelles livraisons de matériels militaires à l'Ukraine, notamment 6 à 12 canons Caesar prélevés sur une commande destinée au Danemark.
La cheffe de file de LFI huée après une déclaration
À droite, Jean-Louis Thiériot (LR) a renvoyé dos à dos "l'atavisme stalinien" de "l'extrême gauche" et le "culte de l'homme fort" de "l'ultra droite". À gauche, le patron du groupe socialiste Boris Vallaud a plaidé dans une proposition de résolution pour "la pleine souveraineté des frontières de l'Ukraine reconnues en 1991" (avec la Crimée et le Donbass), une hausse de l'aide militaire française et de l'accueil de réfugiés ukrainiens.
Le socialiste a aussi promis un amendement au budget pour que "soient saisis et versés à l'Ukraine les dividendes et autres gains des entreprises" françaises "demeurant en Russie". Le groupe pétrolier TotalEnergies "ne saurait recevoir sans état d'âme les 440 millions d'euros de dividendes au 1er semestre 2022 pour sa participation dans (l'entreprise russe) Novatek", a-t-il lancé. La cheffe de file de LFI Mathilde Panot a condamné comme les autres orateurs l'agression russe. Puis elle a été huée par la majorité quand elle a lancé que "la guerre en Ukraine ne peut servir d'argument pour mener une guerre sociale aux Français".