La motion de censure déposée par l'alliance de gauche Nupes, débattue lundi après-midi à l'Assemblée, est "cousue de procès d'intention", a dénoncé Élisabeth Borne, répondant à la dirigeante LFI Mathilde Panot qui voit dans ce vote "une clarification". "Aujourd'hui, Mesdames et Messieurs les députés, nous pourrions être en train d'agir pour les Français. Au lieu de cela, nous débattons d'une motion de censure cousue de procès d'intention, qui fait obstacle au travail parlementaire et de ce fait à la volonté des Français", a affirmé la Première ministre. Elle répondait à la cheffe de file des députés LFI Mathilde Panot qui venait d'assurer que la motion tenait lieu de "clarification politique", jugeant que ceux qui ne la voteront pas seront "les partisans" de la politique du gouvernement.
Borne relance son "bâtir ensemble"
Pour Élisabeth Borne, "les Français en ont assez des dialogues stériles et de la loi des postures" et ont "envoyé un message clair (...) 'parlez-vous et ensemble construisez". Elle avait appelé la semaine dernière les oppositions à "bâtir ensemble" des compromis au Parlement, où le camp présidentiel ne dispose que d'une majorité relative.
"Avec votre motion de censure, pas de bouclier tarifaire (...) , pas de remise carburant (...) et pas d'augmentation des pensions", a énuméré la Première ministre, souvent interrompue dans un hémicycle clairsemé en dehors des rangs de la gauche. "Que proposez-vous?", "Rien", a poursuivi Élisabeth Borne qui "voit peu de terrains d'entente" avec les signataires de la motion et estime que "la motion de posture a remplacé la motion de censure".
Un "moment de vérité"
"Votre censure, c'est finalement un appel à la dissolution. Et bien Mme la présidente Panot, contrairement aux signataires de votre motion de censure, nous, nous portons des solutions, pas la dissolution", a-t-elle ajouté. "Cette motion de censure (est) le dernier soubresaut de la politique du bloc contre bloc" et rejeter cette motion, "c'est respecter le vote des Français, c'est refuser l'instabilité", a poursuivi Élisabeth Borne.
Mathilde Panot, elle, y a vu un "moment de vérité". "Ceux qui ne voteront pas cette motion de défiance seront les partisans de votre politique", de la réforme des retraites à "la politique de casse et d'injustice sociale", a-t-elle affirmé. "Vous ne tirez votre légitimité ni des élections législatives, ni même du Parlement, à qui vous n'avez pas demandé s'il vous faisait confiance pour conduire la politique de la Nation", a martelé l'élue LFI. "En d'autres termes, vous êtes, à cette fonction, une anomalie démocratique", a-t-elle poursuivi.