Arrivée en masse fin juin des troupes RN et Nupes, une première femme au Perchoir, des textes de loi votés après des joutes jusqu'au petit matin...La nouvelle Assemblée nationale, où les macronistes ont perdu la majorité absolue, a démarré au pas de charge. Retour sur cinq événements qui ont marqué ce début de législature.
Les oppositions débarquent en force
Après la "claque" des législatives de juin, les macronistes, qui ont fondu de 345 à 250 députés, sont amers et inquiets. Ils voient débarquer au Palais Bourbon quelque 150 élus de l'alliance des gauches Nupes, dont les mélenchonistes porteurs de la "colère populaire", qui promettent d'être "offensifs". Sur la forme, ces députés bousculent les codes, en se démultipliant sur les réseaux sociaux et en portant moins volontiers cravate et costume, ce qui hérisse certains collègues.
A l'autre bord, la finaliste de la présidentielle, Marine Le Pen, constitue le plus gros groupe d'extrême droite de toute l'histoire en France, avec 89 députés. Ils accèdent à des postes clés de l'institution, affichent leur "sérieux" et jouent le contraste avec le "cirque" imputé à la Nupes ou le "melon" reproché à la majorité.
Les femmes au pouvoir
"Qu'il est long et sinueux le chemin de l'égalité entre les hommes et les femmes": à 51 ans, la députée des Yvelines Yaël Braun-Pivet, encore novice en politique en 2017, monte au Perchoir le 28 juin. Pour la première fois dans le pays, une femme est élue présidente de l'Assemblée nationale.
Fait inédit : une femme occupe également Matignon, Elisabeth Borne, et une autre la tête du groupe majoritaire LREM (rebaptisé Renaissance), Aurore Bergé. En outre, Marine Le Pen dirige le groupe RN, et Mathilde Panot le groupe LFI.
Une ambiance tendue
La première séance orageuse pour la Première ministre a lieu le 6 juillet. Elisabeth Borne appelle les députés à "bâtir ensemble" des "compromis" pour répondre aux défis économiques ou climatiques lors d'une déclaration de politique générale sur laquelle elle ne demande pas de vote de confiance. Responsables LFI et RN épinglent une "fuite" et une "provocation".
La Nupes défend en vain quelques jours après une motion de censure, présentée plutôt comme une "motion de défiance". Quelques socialistes font défection, illustrant les divisions de ligne à gauche. Ni le groupe RN ni LR, qui veut juger sur pièces l'action du nouveau gouvernement, ne votent la motion.
La nuit du pass sanitaire
La nuit du 12 au 13 juillet marque un premier revers pour le gouvernement. Les oppositions coalisées suppriment un article clé du premier projet de loi au menu, qui programmait un possible retour du pass sanitaire anti-Covid à l'entrée dans l'Hexagone. "Je me battrai pour que l'esprit de responsabilité l'emporte au Sénat", assure la cheffe du gouvernement.
Mais l'exécutif doit en rabattre. Le texte finalement adopté fin juillet prévoit la simple possibilité d'imposer un test de dépistage au Covid négatif à l'embarquement en direction du territoire français et pour les voyages Outre-mer. C'est le Sénat dominé par la droite qui a imposé ses vues.
Le paquet pouvoir d'achat au forceps
Le sujet était au cœur des dernières élections, et la bataille a repris de plus belle dans l'hémicycle, pour un marathon de trois semaines avec des votes jusqu'à 4h ou 6h du matin parfois. En jeu, 20 milliards de dépenses pour une revalorisation des retraites et allocations, ou la poursuite de la remise carburant.
La gauche tient la tranchée pour réclamer plus que des "miettes", et s'opposer à la vision jugée "libérale" du gouvernement. Les élus RN oscillent entre votes pour et abstention. Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire ne ménage pas sa peine, et les deux volets de mesures sont validés moyennant des compromis passés avec les LR, devenus partenaires privilégiés. La majorité acte qu'une "nouvelle culture collective" est en construction, dans une nouvelle ère où le Parlement n'est plus une "chambre d'enregistrement".