Et si Bygmalion n'était pas la seule cachotterie dans les comptes de campagne de Nicolas Sarkozy en 2012 ? Les juges s'intéressent à d'autres dépenses potentiellement réglées par l'UMP, en dehors de l'affaire des fausses factures qui fait trembler la droite depuis un an et demi. Et la somme est colossale : il s'agit de 10 millions d'euros dont l'utilisation reste mystérieuse.
Une ligne à 13,5 millions dans le budget de l'UMP. Certes, les juges n'en sont pour l'instant qu'au stade des interrogations. Mais un élément a de quoi intriguer. Il a été abordé il y a trois semaines dans le bureau des magistrats, lors d'une grande confrontation entre cinq des treize mis en examen dans le dossier Bygmalion. Sur le budget 2012 de l'UMP, on trouve une ligne intitulée "présidentielle", et en face, la somme de 13,5 millions d'euros. Sur ce poste, trois millions d'euros ont été intégrés aux comptes de la campagne de Nicolas Sarkozy. Mais à quoi ont servi les 10 millions restants ?
Transport de militants ? C'est toute la question. L'homme par qui le scandale est arrivé, Jérôme Lavrilleux, qui était directeur adjoint de la campagne, n'a pas tellement éclairé les enquêteurs. "Je ne sais pas précisément. Sans doute à financer des affiches, à payer les transports des militants... Sauf qu'on ne peut pas demander à la SNCF ou à d'autres prestataires, comme à Bygmalion, de modifier leurs factures !", a-t-il répondu dans un entretien à L'Obs mi-octobre. En tout cas, la commission des comptes de campagne est claire : financer le transport de militants à un meeting, c'est bel et bien une dépense de campagne.
Un nouveau front est donc ouvert dans ce dossier à tiroirs. Si la dépense supplémentaire de 10 millions d'euros se confirmait, le total des dépenses de campagne de Nicolas Sarkozy s'élèverait à 50 millions d'euros. C'est deux fois et demi le plafond autorisé.