Les deux experts-comptables de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012, qui avaient donné l'alerte sur son coût avant d'en valider les comptes, ont été mis en examen dans l'enquête sur des fausses factures durant cette campagne de l'élection présidentielle, a-t-on appris lundi de source judiciaire. Pierre Godet et Marc Leblanc ont été mis en examen jeudi et vendredi pour usage de faux, recel d'abus de confiance, escroquerie et complicité de financement illégal de campagne électorale.
Treize mis en examen. Treize personnes sont désormais mises en examen dans l'affaire Bygmalion. Les juges enquêtent sur un système de fausses factures mis en place pour imputer à l'UMP des dépenses de meetings -environ 18,5 millions d'euros-, qui auraient dû figurer dans le compte de campagne de Nicolas Sarkozy. Un chiffre colossal par rapport au plafond qu'impose la loi, 22,5 millions d'euros, et qui avait quand même été dépassé. Les fausses factures correspondaient à des conventions politiques de l'UMP, payées par le parti, mais dont la plupart n'ont jamais eu lieu.
Parmi les mis en examen figurent quatre anciens dirigeants de Bygmalion, dont la filiale Event and Cie facturait les prestations de meetings, d'ex-cadres de l'UMP et d'anciens responsables de la campagne, dont son directeur Guillaume Lambert et son trésorier, le député Philippe Briand. Plusieurs cadres de Bygmalion ont reconnu l'existence de la fraude. A l'UMP, seul Jérôme Lavrilleux, lui aussi mis en examen, l'a confirmée. A ce stade, Nicolas Sarkozy n'a pas été entendu par les juges.
Des notes sur un risque de dépassement. Les experts-comptables étaient intervenus à plusieurs reprises durant la campagne et avaient participé à plusieurs réunions financières. Dans une note, en date du 7 mars 2012, soit six semaines environ avant le premier tour, Pierre Godet prévenait que le montant des dépenses "budgétées" atteignait environ 23,1 millions d'euros, soit davantage que le plafond légal. A l'époque, il se basait sur 15 meetings jusqu'au second tour. Les enquêteurs disposent d'une seconde note de l'expert-comptable, du 26 avril 2012, qui établit le total des dépenses au premier tour à près de 18,4 millions d'euros et qui rappelle qu'un risque de dépassement existe toujours. Dans une troisième note, le 28 juin, les dépenses sont dans les clous, à environ 21,3 millions d'euros. Or, il y a finalement eu plus de quarante meetings durant la campagne de Nicolas Sarkozy.