Plusieurs candidats à la présidentielle et responsables politiques ont réclamé ce jeudi des comptes à Emmanuel Macron et au gouvernement sur leur large recours au cabinet de conseil américain McKinsey, qui n'a selon le Sénat payé aucun impôt sur les sociétés en France en dix ans. La commission d'enquête du Sénat sur le recours par l'Etat aux cabinets de conseil a dénoncé dans son rapport publié jeudi un "phénomène tentaculaire", au coût croissant pour les finances publiques, et accusé les entités françaises de McKinsey d'optimisation fiscale, de telle sorte qu'elles n'auraient versé aucun impôt sur les sociétés entre 2011 et 2020.
"Le Président sortant doit rendre des comptes"
"Emmanuel Macron doit s'expliquer", a immédiatement exigé sur Twitter la candidate LR Valérie Pécresse : "Comment pouvait-il ne pas le savoir ? Le Président sortant doit rendre des comptes", a-t-elle souhaité. Et Xavier Bertrand, un de ses conseillers, d'interroger : "Comment le gouvernement a pu confier une cinquantaine de missions à un cabinet qui ne paye pas d'impôts sur les sociétés depuis 10 ans ? Pourquoi n'a-t-il pas procédé à ces vérifications ? Pourquoi faut-il attendre que le Sénat s'en saisisse ?".
Emmanuel Macron doit s'expliquer sur le recours massif de l'État à l'entreprise McKinsey dont le Sénat révèle qu'elle ne paye pas ses impôts en France. Comment pouvait-il ne pas le savoir ? Le Président sortant doit rendre des comptes.
— Valérie Pécresse (@vpecresse) March 17, 2022
En marge d'un évènement au Comité olympique français, le candidat écologiste Yannick Jadot a dénoncé devant la presse "une dérive totale de la place des cabinets de conseil, y compris américains, qui sont au coeur des politiques publiques françaises", et les liens d'Emmanuel Macron avec "les lobbies". "Décidément ce gouvernement est pris dans le pot de miel des cabinets d'experts américains et de l'évasion fiscale", a-t-il ajouté.
"La Macronie préfère envoyer vos impôts au Delaware", a résumé dans un tweet le député LFI François Ruffin. Le président du Rassemblement national Jordan Bardella a estimé de son côté qu'"entre (les) prestations douteuses (du cabinet), ses liens étroits avec la macronie et son optimisation fiscale, il s'agit d'un énième scandale d'État".
Certaines déclarations "susceptibles de constituer un faux témoignage"
Dans un document annexe, les sénateurs écrivent que "le cabinet McKinsey est bien assujetti à l'impôt sur les sociétés (IS) en France mais ses versements s'établissent à zéro euro depuis au moins 10 ans, alors que son chiffre d'affaires sur le territoire national atteint 329 millions d'euros en 2020, dont environ 5% dans le secteur public, et qu'il y emploie environ 600 salariés".
A cet égard, certaines déclarations de Karim Tadjeddine, responsable du pôle "secteur public" du cabinet, lors de son audition sous serment devant la commission le 18 janvier, "sont susceptibles de constituer un faux témoignage devant une commission d'enquête" et "impliquent de signaler les faits au Procureur de la République". Les sénateurs rappellent en particulier une affirmation de Karim Tadjeddin : "Je le dis très nettement : nous payons l'impôt sur les sociétés en France".