Arnaud Montebourg 2:47
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Invité dimanche d'Europe 1, Arnaud Montebourg a estimé que la France n'avait pas encore assez investi pour s'assurer une production du vaccin contre le Covid-19 couvrant les besoins de toute la population. Il alerte sur un risque de dépendance vis-à-vis de certains pays ou de certaines multinationales.
INTERVIEW

La course mondiale aux vaccins contre le Covid-19 s’est brutalement accélérée ces dernières semaines, avec l’annonce d’au moins deux vaccins efficaces à plus de 90%. Le vaccin de BioNTech a été conçu par des Allemands dans un laboratoire américain et via un prêt européen, quand celui annoncé par Moderna a été développé dans une biotech américaine dirigée par un Français, et dont le principe actif sera fabriqué en Suisse. Pour Arnaud Montebourg, invité dimanche du Grand Rendez-vous sur Europe 1, cette situation démontre que l’issue de la crise sanitaire est en partie soumise aux luttes d’influence que se livrent les Etats, sur un terrain financier et pharmaceutique.

"Les États qui auront subventionné, soutenu un certain nombre de laboratoires, vont capter les vaccins pour leur population et il n’y en n’aura pas pour les autres", avertit l’ancien ministre de l’Economie de François Hollande. "Il y a un travail commun des Etats-nations et des laboratoires adossés à ces Etats, et ceux qui n’auront pas construit une stratégie nationale de liens solides vis-à-vis des laboratoires n’auront pas de vaccins", poursuit-il.

Des investissements insuffisants en France ?

"Construire une stratégie d’indépendance vis-à-vis du vaccin me parait être le B-A BA", martèle Arnaud Montebourg. "On ne va pas dépendre de monsieur Trump, des Chinois ou de je ne sais quelle multinationale à capitaux privés pour la santé de tous les Français. Or, cela ne me parait pas encore être le cas", pointe-t-il.

À ses yeux, la France n’a pas investi suffisamment pour s’offrir une production capable de couvrir les besoins de la population. "On a investi 200 millions sur les installations de production en France pour les premières séries de vaccins. En aurons-nous assez pour toute la population ? C’est là le vrai sujet", interroge-t-il. "En l’état de nos investissements, publics comme privés, cela ne semble pas être le cas."