Emmanuel Macron a défendu mardi en Suède la Politique agricole commune (PAC), face aux difficultés des agriculteurs français, mais a demandé des "règles" pour affronter la concurrence extra-européenne. La colère des agriculteurs français et d'autres pays européens s'est invitée au premier jour de la visite d'Etat du président français en Suède, largement consacrée à l'avenir de la défense européenne et au soutien à l'Ukraine.
Macron appelle l'Europe à des décisions "courageuses" pour "accélérer" son aide à l'Ukraine
L'Europe doit prendre des "décisions justes et courageuses", voire "innovantes", dans les prochains mois pour "accélérer" et amplifier son soutien militaire à l'Ukraine, a déclaré mardi le président français Emmanuel Macron lors de sa visite en Suède. "Nous devons être prêts à agir, défendre et soutenir l'Ukraine quoi qu'il se passe", notamment lors de l'élection présidentielle américaine de novembre, a-t-il insisté dans un discours à l'Académie militaire de Karlberg, estimant que le "coût" d'une victoire russe serait "trop élevé pour nous".
"Sans PAC, beaucoup de nos agriculteurs ne pourraient pas vivre"
"Ce serait de la facilité de tout mettre sur le dos de l'Europe", a dit Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse avec le Premier ministre suédois, Ulf Kristersson, relevant que "sans Politique agricole commune, nos agriculteurs n'auraient pas de revenus et ne pourraient pas vivre pour beaucoup d'entre eux". La PAC organise la concurrence et régule les aides agricoles au niveau européen.
Le chef de l'État a justifié le refus de conclure un accord commercial entre l'Union européenne et les pays latinos-américains du Mercosur, souhaité par des pays comme l'Allemagne, par l'existence de "règles qui ne sont pas homogènes avec les nôtres". Le président français a également demandé des "mesures claires" face aux importations de poulets et de céréales d'Ukraine. Il doit s'entretenir jeudi avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen en marge d'un sommet européen.
Emmanuel Macron, qui s'exprimait peu avant le discours de politique générale du nouveau Premier ministre Gabriel Attal, a aussi souhaité que les distributeurs "ne tirent pas toute la valeur ajoutée" dans les négociations avec les agriculteurs. Les centrales d'achat européennes mises en place par certains distributeurs pour obtenir des prix encore plus bas constituent un "contournement de la loi française", qu'il veut évoquer au niveau européen, a-t-il ajouté.
Un "partenariat stratégique renouvelé" entre France et Suède
Le président français et Ulf Kristersson ont conclu un "partenariat stratégique renouvelé", la défense étant au coeur de cette coopération, au moment où la Suède est proche d'adhérer à l'Otan. Dans ce cadre, Emmanuel Macron a appelé les Européens à soutenir l'Ukraine "dans la durée" et à compenser tout recul éventuel de l'aide américaine, à quelques mois de la très indécise élection présidentielle aux Etats-Unis.
"Nous devons nous organiser de telle manière que si les Etats-Unis venaient à faire le choix souverain d'arrêter cette aide ou de la réduire, ça ne devrait pas avoir d'impact sur le terrain", a-t-il dit lors de la conférence de presse.
La Hongrie du Premier ministre Viktor Orban est le dernier pays de l'UE à faire obstacle au versement d'une aide européenne de 50 milliards d'euros à l'Ukraine qui sera au centre du sommet européen jeudi à Bruxelles. L'invasion de l'Ukraine par Moscou, il y a bientôt deux ans, a bouleversé la donne en Suède: longtemps neutre sur le plan militaire, Stockholm a décidé d'entrer dans l'Alliance atlantique.
La Hongrie reste également le dernier obstacle à cette adhésion, dont Ulf Kristersson a prévu de parler jeudi en marge du Conseil européen, avec son homologue hongrois France et Suède partagent "une volonté justement de rapprocher, de produire ensemble, d'aider ensemble l'Ukraine pour avoir une Europe qui se protège mieux", a-t-il ajouté.
La Suède possède "la même vision de la souveraineté que la France"
Emmanuel Macron, qui se rendra en Ukraine en février, va aborder les questions de défense lors d'un discours mardi après-midi devant de jeunes officiers suédois de l'Académie militaire de Karlberg. La Suède "est un pays qui a la même vision de la souveraineté que la France" avec "la volonté de développer des capacités sur un spectre très large, que ce soit des capacités opérationnelles et industrielles", dit un conseiller du président français, soulignant une approche commune de la nécessité d'entrer en "économie de guerre".
Signe de l'évolution des mentalités, les autorités suédoises ont provoqué un électrochoc en janvier en déclarant, par la voix du commandant en chef de l'armée suédoise Micael Bydén, que les Suédois "devaient se préparer mentalement à la guerre".
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Après l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, la Suède a annoncé qu'elle voulait atteindre le cap des 2% du PIB consacré aux dépenses de défense "le plus tôt possible". Le pays peut compter sur une solide industrie de défense et la France comme la Suède ont en commun d'avoir développé de façon autonome un avion de chasse, le Rafale côté français, le Gripen côté suédois.
La France et la Suède vont signer une déclaration d'intention sur les systèmes de défense anti-aériens et de surveillance aérienne, tandis que les entreprises Saab et MBDA devraient conclure "dans les prochains jours un contrat sur le développement du missile antichar Akeron", selon Paris.