Certains éprouvent du "plaisir" à effectuer un "acte citoyen". D’autres trouvent ça "trop long" et privilégient la méthode expéditive. Les 47 millions de Français appelés aux urnes ont chacun une manière différente de vivre leur déplacement dans un bureau de vote. Tous doivent, en revanche, se plier aux mêmes règles.
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Un déroulement strictement cadré… Dès l’ouverture du scrutin, l'électeur peut se présenter au bureau de vote indiqué sur sa carte électorale. Le scrutin se déroule de 8 heures à 19 heures et peut être avancé ou retardé par arrêté préfectoral : dans les grandes villes il est souvent ouvert jusqu'à 20 heures. Pour voter, il suffit d’être inscrit sur les listes électorales et de disposer d’une carte d’identité.
Une fois sur place, il convient de se plier à un règlement strict. Votre inscription sur les listes est vérifiée. Vous êtes tenus, ensuite, de prendre au moins deux bulletins de votes sur la table, afin de respecter l’anonymat de votre choix. Si vous préférez rapporter vous-mêmes vos bulletins, vous devez les tenir de manière visible avant d'entrer dans l’isoloir. Attention : seuls les bulletins officiels envoyés par votre préfecture par voie postale sont valides lors d’une élection présidentielle.
Le passage (seul) dans l’isoloir est obligatoire. Vous pouvez, en théorie, y rester autant que possible mais le président du bureau de vote peut décider de vous y expulser si vous perturbez le bon fonctionnement du scrutin (s’il y a trop de monde qui attend, par exemple).
"L’électeur se présente ensuite devant l'urne où le président du bureau ou son suppléant vérifie son identité en lisant à voix haute la pièce d'identité ou la carte électorale qu'il lui présente", décrit le site du ministère de l’Intérieur. Le président du bureau de vote doit aussi vérifier que vous n’avez qu’une seule enveloppe, mais il n’a en aucun cas le droit de la toucher. Il vous suffit ensuite de mettre cette enveloppe dans l’urne, puis de signer la liste émargement, de récupérer votre carte d’électeur ou d’identité et de retourner vaquer à vos occupations dominicales.
À noter, enfin, qu’il est interdit de provoquer un débat ou une polémique à caractère politique durant votre présence au sein du bureau de vote.
" J’éprouve un vrai plaisir à franchir le seuil d’un bureau de vote "
… Mais différentes manières de le vivre. Malgré ce cadre strict, certains apprécient tout de même le passage devant l’urne. "J’éprouve un vrai plaisir à franchir le seuil d’un bureau de vote", s’enthousiasme ainsi Olivier, 59 ans, qui s’apprête à voter dans son village de La Daguenière, près d’Angers "Le mien se situe dans une école maternelle. Et je me réjouis à chaque fois de voir ce mélange de la République, des gens de tous âges qui viennent voter au milieu des dessins des élèves et des pots de pâte à modeler", raconte-t-il. Et de confier un autre petit plaisir à ce moment : "Je mets tous les bulletins dans ma poche et je m’en sers de calepin pour mes courses, c’est la taille idéale ! Le passage au quinquennat, d’ailleurs, m’arrange bien car pendant un septennat, je finis toujours par manquer de calepins !"
D’autres, en revanche, privilégient la méthode expéditive. Si beaucoup reconnaissent l’importance du scrutin, tous n’en font pas un rituel sacré. "Je ne ressens rien de spécial, c’est comme si je me rendais à la boulangerie", glisse ainsi Patricia, 56 ans, électrice de Trets, dans les Bouches-du-Rhône. "Je fais ça vite et sereinement, je sais toujours à l’avance pour qui je vais voter. Je prends quatre ou cinq bulletins histoire de faire illusion et de respecter l’anonymat, je fais un passage expéditif dans le bureau de vote, je signe et je rentre !"¸ raconte-t-elle. Avant de préciser, tout de même : "Attention, cela ne veut pas dire que je n’y accorde pas d’importance. Quand je dis que c’est comme aller à la boulangerie, c’est que c’est important pour moi ! Le pain et le vote, c’est tout aussi important et il serait tout aussi grave de n’avoir ni l’un ni l’autre !"
" Je ne sacralise pas du tout ce moment, c’est très long "
D’autres trouvent même le moment du vote particulièrement désagréable. Se déplacer, faire la queue, se plier aux règles… Tout cela n’enchante pas vraiment Victor, 39 ans, qui a toujours voté à Paris. "Je ne sacralise pas du tout ce moment, c’est très long. Du coup, je ne prends que deux bulletins de vote et je me lance. Quelques fois, j’essaie de feinter : je viens avec mon enveloppe dans la poche et j’essaie d’esquiver le passage par l’isoloir. Mais je me fais gronder à chaque fois !", assure-t-il. "Dans l’isoloir je mets tout de même un point d’honneur à pendre le temps, en revanche, de jeter tous les papiers qui restent sur la table. Sinon, cela donne une indication de vote pour ceux qui suivent…", poursuit-il.
Quid du vote sur machine ? Pour environ un million d’électeurs, le vote se passera un peu différemment que pour les autres : ils devront voter via une machine électronique. Les communes de plus de 3.500 habitants sont en effet autorisées à proposer un tel dispositif et une soixantaine l’aurait adopté, selon le fabricant des machines. Globalement, les règles sont les mêmes. S’il n’y a pas besoin de bulletins de vote, le passage par l’isoloir est tout de même obligatoire. Une machine vous y attend, avec un écran, des boutons avec des numéros et des étiquettes de chaque candidat, chaque numéro correspondant à un candidat.
Si le fonctionnement est enfantin, certains ne cachent pas leur perplexité face au dispositif. "Je suis un peu stressé à chaque fois, je vérifie quatre fois que j’ai appuyé sur le bon bouton, j’ai toujours un peu peur du bug. Même si le fonctionnement des machines est très clair et bien expliqué, j’ai toujours besoin d’être guidé et de vérifier que j’ai tout bien fait", témoigne Clément, 23 ans, qui vote à Courbevoie. Un "stress" qui ne l’empêchera pas de se déplacer dimanche. "Ni d’être aimable avec les bénévoles du bureau de vote, sans qui cet acte citoyen ne serait pas possible"¸ conclut-il.