Ils seront sept, derrière des pupitres alignés en arc de cercle, jeudi soir sur TF1. Manuel Valls, Arnaud Montebourg, Benoît Hamon, Vincent Peillon, Sylvia Pinel, François de Rugy et Jean-Luc Bennahmias participent au premier débatde la primaire du PS et de ses alliés, et si l’objectif annoncé est le même, convaincre pour l’emporter les 22 et 29 janvier prochains, les enjeux sont en fait bien différents. Pour ceux qui peuvent envisager la victoire, il s’agira, selon la dynamique, de reprendre la main ou de confirmer une tendance positive. Pour d’autres, c’est surtout une question de notoriété.
Stopper l’hémorragie pour Manuel Valls
Il s’est longtemps défendu d’être le favori de la primaire, et cela commence à être vrai. Selon un sondage Ifop pour le JDD publié le 8 janvier, l’ancien Premier ministre pourrait être défait par Arnaud Montebourg, voire par Benoît Hamon au second tour. Le résultat d’une enquête qui patine, et peut-être aussi du "syndrome Sarkozy", qui caractérise la volonté des électeurs de changer les hommes. Alors pour Manuel Valls, ce débat tombe à point nommé pour se relancer.
D’autant que l’un de ses thèmes de prédilection, la lutte contre le terrorisme, sera au menu. L’ancien chef du gouvernement pourra faire valoir son expérience en la matière, lui qui a dû gérer plusieurs attentats quand il était à Matignon. En s’attaquant à Marine Le Pen et François Fillon et en épargnant ses adversaires du soir, il pourra par ailleurs se poser en leader naturel de son camp. Manuel Valls a donc les cartes en main pour réussir sa soirée, et il aura en outre l’honneur de s’exprimer en tout premier.
Confirmer l’embellie pour Montebourg et Hamon
Forcément, si Manuel Valls semble en perte de terrain, c’est que ses deux principaux rivaux sont eux dans une bonne dynamique. Arnaud Montebourg notamment, plus que jamais potentiel vainqueur. Pour l’ancien ministre de l’Economie, il s’agira d’abord de faire preuve de cohérence et de maîtrise des sujets. Celui qui fut longtemps considéré comme le trublion du Parti socialiste a l’occasion de montrer qu’il a la stature d’un potentiel homme d’Etat.
Pour Benoît Hamon, la campagne ressemble à une montée en puissance. L’ancien ministre de l’Education se démarque par des propositions originales, comme le revenu universel, la baisse du temps de travail ou une large part donnée à l’écologie. Il a tout intérêt à imposer ses thèmes pour se poser en élément central du débat. Ainsi, il pourrait se poser en candidat crédible au second tour.
Se révéler pour Peillon
Candidat surprise de cette primaire, Vincent Peillon n’est pas encore bien identifié dans cette primaire. Son programme comme sa personne restent en effet méconnus. Le débat sera l’occasion pour lui de légitimer sa candidature et de détailler quelques propositions. L’ancien ministre de l’Education en est capable. C’est un excellent orateur, et la confrontation ne lui fait pas peur. Cantonné à moins de 10 points dans les enquêtes d’intention de vote, il pourrait marquer de gros points jeudi soir.
Exister pour Pinel, Bennahmias et Rugy
Pour les trois autres candidats de la primaire, il s’agira d’abord de montrer qu’ils ne sont pas là seulement pour faire de la figuration. Sylvia Pinel, présidente du Parti radicale de gauche et ancienne ministre du Logement, est sans doute celle qui a le plus de certes en main. Elle devrait parler droit de vote des étrangers, légalisation du cannabis ou encore droit des femmes pour faire entendre sa différence. Pour le président du Parti écologiste François de Rugy et pour celui du Front démocrate, Jean-Luc Bennahmias, l’occasion est belle de se faire une "Jean-Frédéric Poisson". En clair, de se faire un nom. Mais pour ces trois petits candidats, l’enjeu final est surtout d’arriver devant les deux autres.