Son appel est celui d'un compagnon de la gauche désireux de "renouveler" les visages et les idées de son camp : Laurent Joffrin a quitté son poste de directeur du journal Libération, cet été, pour lancer un appel, "Engageons-Nous". Ce mouvement aux idées social-démocrates revendique aujourd'hui 5.000 signataires. De son côté, le partisan d'une "gauche d'action" a des plans pour 2022. Il expose sa feuille de route au micro Europe 1 de Patrick Cohen, mardi midi.
"Rééquilibrer la gauche"
Quelles sont les chances et les conditions qui permettraient à la gauche d'accéder au second tour de la présidentielle de 2022 ? Le match retour de 2017 entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen est pressenti par beaucoup mais Laurent Joffrin veut convaincre que ce duel peut être évité. Pour cela, l'ancien éditorialiste et les membres de son mouvement veulent d'abord "s'efforcer de rééquilibrer la gauche française, dont la partie réformiste est faible" face aux écologistes et à la gauche plus radicale.
Et l'ex-directeur de journal de se livrer ensuite à de l'arithmétique politique : "Dans les sondages, la gauche fait entre 20% et 25%. Ça ne passe pas (au second tour, ndlr). Il faut donc élargir et renouer avec les classes populaires qui se sont largement réfugiées dans l'abstention, quand ce n'est pas dans le Rassemblement national. Il faut faire des propositions qui vont dans le sens des intérêts des classes populaires."
L'hypothèse Hidalgo ?
L'ancien directeur de Libération veut dès lors "élargir à tous les gens qui ont déserté cette gauche". Son arc politique ? "Il faut unir cette partie-là de l'échiquier politique, qui va en gros des Verts jusqu'aux macronistes déçus. Il y a des Verts tout à fait rationnels qui peuvent rejoindre un mouvement comme celui-là", défend l'auteur d'Anti-Macron, recueil de ses lettres politiques depuis 2017. "Il y a aussi beaucoup de macronistes déçus. Et finalement, tout ça fait beaucoup de monde, potentiellement. Encore faut-il les convaincre."
Une fois ce rassemblement autour d'un programme réalisé, ce qui n'est pas une mince affaire au regard des divisions actuelles à gauche, "il y aura quelqu'un qui va émerger", pressent Laurent Joffrin. Quels noms pourraient s'imposer comme des présidentiables crédibles ? Dernièrement, celui d'Anne Hidalgo est revenu dans le débat public. "Ce n'est pas mal comme hypothèse", répond dans un sourire Laurent Joffrin, proche de François Hollande. "C'est une femme qui a géré la capitale de la France, elle est énergique, intelligente. Voilà une hypothèse mais il faudrait qu'il y en ait d'autres. Ou qu'on se rallie à celle-là."