Un an après l'enterrement en place publique du rapport Borloo sur les banlieues, le gouvernement compte bien défendre son bilan en matière de politique de la ville. Jeudi, à Paris, acteurs économiques, associatifs et élus sont donc attendus pour rencontrer le ministre de la Ville et du Logement Julien Denormandie. Parmi eux, Philippe Rio, maire PCF de Grigny, l'un des premiers à avoir à l'époque appelé le gouvernement à un "sursaut". Invité jeudi d'Europe 1, il estime que ce revirement d'Emmanuel Macron avait alors constitué "un gâchis, un élan brisé".
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"Il y a eu une incompréhension, un gâchis, un élan brisé d'une mobilisation nationale née de 'l'appel de Grigny'", regrette l'élu PCF. En 2017, en compagnie de quelque 150 maires réunis en "états généraux de la politique de la ville", il avait appelé le gouvernement à une "réponse nationale" en faveur des quartiers populaires et dénonçait la baisse des crédits alloués à la politique de la ville. Mais alors qu'il avait lui-même commandé à l'ancien ministre Jean-Louis Borloo un rapport qui avait fait l'objet de longs mois de consultations, Emmanuel Macron avait finalement torpillé le document, appelant à "changer de méthode" et rejetant l'idée d'un plan piloté par "deux mâles blancs".
Philippe Rio reconnaît "une période de rebond"
Le président de la République avait finalement présenté une série de mesures, une quarantaine d'"actions concrètes". Et un an après, la "majorité des actions" sont en cours de déploiement ou déjà atteintes, selon le gouvernement. Au micro de Nikos Aliagas, Philippe Rio reconnaît une "période de rebond, de relance".
Revenant sur la mobilisation des élus de terrain, le maire de Grigny estime que "la force de ce mouvement repose sur trois piliers". Tout d'abord, "un consensus transpartisan sur le diagnostic et sur un certain nombre de solutions", une "première dans l'histoire dans la politique de la ville". Deuxième pilier : le rôle des associations. Enfin, souligne Philippe Rio, cette période d'enthousiasme autour du rapport Borloo avait permis aux médias de porter "un regard nouveau" sur les quartiers populaires. "La dernière fois qu'on avait parlé des banlieues pendant six mois, c'était lors des émeutes de 2005", rappelle-t-il.
"On ne peut plus continuer à travailler avec des moyens précaires"
Sur les mesures concrètes adoptées par le gouvernement, Philippe Rio estime qu'"on va dans le bon sens", sur la rénovation urbaine, avec près de six milliards d'euros validés en mai 2018 par l'Agence nationale de rénovation urbaine (ANRU) et ses partenaires. "On a mis un coup d'accélérateur", se réjouit-il. Même satisfecit pour les cités éducatives, label pour améliorer la prise en charge scolaire des enfants dans les quartiers populaires, mais aussi pour "la grande prise en compte de la question des copropriétés dégradées".
Mais l'élu continue toutefois d'alerter sur le manque de moyens et de constance pour la politique de la ville. "Il nous faut de la stabilité, on ne peut plus continuer à travailler avec des moyens précaires", appelle-t-il. "Passer son temps à faire et à défaire, c'est ne pas faire".