Après la riposte médiatique, place au terrain. Au lendemain de sa conférence de presse mêlant contrition et contre-attaques, François Fillon lance mardi le deuxième acte de la reprise en main après les affaires qui ont parasité sa campagne depuis près de deux semaines. Dans la matinée, il doit rencontrer les parlementaires de son camp, et dans l’après-midi, il se rendra à Troyes pour la visite d’une entreprise et une rencontre avec des entrepreneurs. Avec l’objectif d’enfin tourner la page. Même s’il ne maîtrise pas tous les éléments.
- Rassurer (et recadrer) les parlementaires
La première étape de cette journée cruciale a consisté à rencontrer les parlementaires Les Républicains mardi matin. Tous n’ont pas été tendres avec l’ancien Premier ministre. Plusieurs mêmes, comme Georges Fenech ou Philippe Gosselin, ont ouvertement évoqué l’hypothèse de son retrait. Il faut dire que les députés et sénateurs LR ont dû composer avec les électeurs de leur circonscription, souvent sévères avec le candidat de la droite. Du moins avant la conférence de presse de lundi.
Avant la conférence de presse de lundi, plusieurs parlementaires LR avaient même prévu de dire ses quatre vérités à François Fillon. Mais la donne a changé. Face aux journalistes, l’ancien Premier ministre a clairement et ferment réaffirmé qu’il était le seul candidat à droite, qu’il n’existait pas de plan B. et que ses troupes avaient tout intérêt à faire corps derrière lui. "On a vu qu'il n'y avait pas" de "plan B", a lancé François Fillon lundi après-midi, évoquant un "plan B comme berezina". "Il va désormais falloir faire bloc. La majorité des élus de ma famille politique l'a compris", a-t-il lancé. Un message qu’il devrait répéter mardi en fin de matinée à son QG de campagne.
- A Troyes, chez François Baroin
Après ce face-à-face, François Fillon reprendra la direction du terrain à proprement parler. Il se rendra dans l’après-midi à Troyes, dans le fief du sénateur-maire François Baroin, dont le nom a circulé avec insistance comme éventuel plan B en cas de renoncement du candidat. La destination n’a donc pas été choisie par hasard. L’ancien Premier ministre débutera par la visite d’une usine Le Coq Sportif, au cours de laquelle il échangera avec des salariés, puis il se rendra au Technopole de l’Aube, où il rencontrera des entrepreneurs. Bref, un après-midi de campagne normal.
Après ce déplacement chez le sarkozyste François Baroin, François Fillon se rendra jeudi sur les terres du juppéiste Jean-Pierre Raffarin, pour un meeting dans la soirée au Futuroscope de Poitiers. Là encore, l’objectif sera de montrer qu’il est capable de rassembler sa famille politique. Et de se poser en candidat incontestable.
- Des questions restent en suspens
Pour autant, François Fillon n’est pas encore totalement tiré d’affaire. Des questions demeurent. Sur le travail de son épouse Penelope à la Revue des Deux Mondes, dont le patron est l’un de ses amis, le milliardaire Marc Ladreit de Lacharrière ; sur le travail effectué par ses enfants quand ils étaient ses assistants parlementaires au Sénat ; sur sa société de conseil 2F Conseil et de potentiels conflits d’intérêt ; sur des fonds touchés quand il était sénateurs. Sans compter que le Parquet national financier continue d’enquêter sur l’affaire la plus retentissante, celle concernant un éventuel emploi fictif de sa femme en tant qu’assistante parlementaire. Tous ces éléments, sous réserve en outre de nouvelles révélations dans les heures et jours qui viennent, sont autant d’épées de Damoclès qui pèsent sur le candidat Fillon.