Le mouvement de contestation et les grèves contre la réforme des retraites présentée mardi par le gouvernement d’Edouard Philippe en est à son dixième jour. Un point cristallise en particulier toutes les tensions : la mesure d’allongement de la durée de cotisation, avec la mise en place d’un nouvel âge pivot, fixé à 64 ans. Principe contre lequel les syndicats ont exprimé leur opposition catégorique. "Il ne faut pas se dresser dans une position rigide", soutient au micro d’Europe 1 Alain Minc, conseiller politique et proche d’Emmanuel Macron. "S’il ne veut pas lâcher sur l’âge pivot, le Premier ministre se met lui-même dans une position extrêmement difficile. Il doit reculer."
Les syndicats tiennent bon et appellent à la mobilisation mardi contre le projet de réforme. Dans une interview accordée au Journal du Dimanche, le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a reformulé dimanche sa ferme position : "Pour que la CFDT porte un autre regard sur ce projet de loi, le gouvernement doit accepter de retirer l’âge d’équilibre. Un point c’est tout." "Il est très difficile de faire une réforme d’une telle ampleur - la plus grande réforme sociale depuis 1945 - sans partenaires sociaux", tranche de son côté Alain Minc. "On ne peut pas se permettre de rater le soutien des syndicats réformistes."
"Le Premier ministre a fait une erreur majeure"
Sur le plan stratégique, l’essayiste pointe le manque de bon sens du gouvernement. "Le Premier ministre a fait une erreur majeure", déplore-t-il. "Quand vous voulez avoir un partenaire social et que celui-ci vous dit, ‘ceci est ma ligne rouge’, vous ne commencez pas par transgresser cette ligne rouge. Je ne comprends pas ce choix." Il appelle donc à "retirer à ce stade l’âge pivot, au moins pour les gens qui vont prendre leur retraite dans l’ancien système".
Alain Minc évoque notamment l’année 1995, une date régulièrement brandie par les opposants au projet de loi actuel et qui marque le recul du Premier ministre à l’époque, Alain Juppé, sur son projet de réformer les régimes spéciaux. Lors des premières manifestations, ce dernier avait affirmé que jamais il ne retirerait son projet. "Il n’en est pas mort", s’agace le conseiller politique. "Son gouvernement n’en est pas mort non plus !"
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