"Hé oh la gauche !" ou la thérapie de groupe des hollandais

Les ministres venus défendre le bilan de François Hollande lors du meeting de "He oh la gauche !"
Les ministres venus défendre le bilan de François Hollande lors du meeting de "He oh la gauche !" © AFP
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Une vingtaine de ministres se sont rassemblés lundi soir à Paris autour de Stéphane Le Foll, avec une idée fixe : défendre le bilan du quinquennat et se mobiliser en vue de la présidentielle de 2017.
REPORTAGE

"Avec lui président, on a fait de grandes choses". Le poing levé, Marisol Touraine fait lever la salle de 350 personnes qui l’ovationne. La ministre de la Santé en est persuadée : avec François Hollande, la France va mieux. Ça sera le mot d’ordre de "hé oh la gauche !", ce rassemblement aux allures de pré-campagne électorale. A l’université de médecine de Paris Descartes, les hollandais, dont une vingtaine de ministres, se sont réunis lundi soir pour se galvaniser et y croire, malgré les mauvais sondages et le chômage qui ne baisse toujours pas. Une thérapie de groupe qui ne dit pas son nom et dont le choix du lieu a fait sourire les commentateurs. "On n'est pas là pour se soigner mais pour se mobiliser et défendre ce qu’on a fait", s’est défendu à la tribune Stéphane Le Foll, grand organisateur de la soirée. 

" "On n'est pas là pour se soigner mais pour se mobiliser et défendre ce qu’on a fait" "

Auto-satisfecit. "La France va mieux", c’est ce que sont venus répéter les ministres à la tribune. Marisol Touraine, Emmanuelle Cosse, Jean-Michel Baylet et Najat Vallaud-Belkacem ont tour à tour pris la parole pour défendre le bilan du quinquennat dans leur domaine de compétence. "C’est une véritable révolution copernicienne qu’on a fait vivre à l’éducation", assure Najat Vallaud-Belkacem, en évoquant notamment la création des 60.000 postes ou la lutte contre les inégalités sociales à l’école. Marisol Touraine, qui "assume haut et fort le bilan" dont "on n’a pas à se cacher ou à rougir", cite elle la prime d’activité pour les jeunes, les régimes de retraite à l’équilibre ou la création des maisons de santé. De son côté, la ministre du Logement Emmanuelle Cosse vante fièrement les mérites de la loi sur la transition énergétique. 

"Il faut faire de la pédagogie". Du côté des militants présents dans la salle, on veut croire que les échecs du quinquennat sont dus à un manque de communication. "Il nous faut faire de la pédagogie, c’est qui nous a manqué tout au long de ce quinquennat", affirme Jordan, 27 ans, étudiant en master de droit des Affaires à Dauphine. "On n’a pas assez fait le service après-vente, on n’a pas suffisamment expliqué ce qu’on faisait et je le regrette", renchérit Benjamin, 22 ans et étudiant en sciences politiques à la Sorbonne. 

"Regarde ce que te prépare la droite !". Des regrets, il y en a, mais pour remobiliser les troupes, l’antidote est toute trouvée : taper sur la droite. Si le FN est à peine évoqué, les Républicains sont la cible privilégiée de ce meeting. A commencer par la distribution d’un tract intitulé "Regarde ce que te prépare la droite", qui critique les propositions du camp adverse. "Sur le social, la droite nous dit que nous sommes fascinés par l’assistant mais nous revendiquons la solidarité et l’accompagnement", défend Marisol Touraine tandis qu’Emmanuelle Cosse gronde : "Dans ma région (l’Ile-de-France), la politique du logement est démontée pas à pas, je peux vous le dire". "Dans le quinquennat précédent, ils ont fermé les services publics dans le monde rural, c’est à cause de Sarkozy si la ruralité vote FN", tonne le ministre de l’Aménagement du territoire, Jean-Michel Baylet.

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Mais, il n’y a pas que la droite qui en prend pour son grade. S’il n’est pas évoqué, Emmannuel Macron, grand absent de cette soirée, est lui aussi visé, plus discrètement. "La droite et la gauche, ce n’est pas pareil", vont ainsi répéter chacun à leur tour les ministres à la tribune alors que le patron de Bercy a lancé son mouvement "En Marche !", qui se veut ni de droite ni de gauche. Les frondeurs sont également dans le collimateur. "C’est vrai que depuis quatre ans, la droite ne nous a pas beaucoup tapé dessus", assure Bruno Le Roux, le patron des socialistes à l’Assemblée nationale. "Car les premiers à dire que ce n’était pas assez, ils venaient de la gauche, il faut qu’on arrête avec ça", ajoute-t-il, avant de se faire plus explicite : "J’appelle les frondeurs à ne pas se tromper de camp". Des "Bravo Bruno", fusent dans les rangs des militants.

En 2017, la victoire est possible. Galvanisés, remontés à bloc, les socialistes veulent y croire pour 2017. "Bien sûr qu’on y croit, on ne serait pas là si on n’y croyait pas !", affirment en chœur des militants sarthois, qui sont venus tout droit de la circonscription de Stéphane Le Foll, qui fût en 2012, directeur de la campagne de François Hollande. 

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A la tribune, les ministres veulent également y croire. Et s’ils refusent de parler d'un "premier meeting de campagne", les références à 2017 sont partout. "Je n’ai pas renoncé à 2017 !", s'enflamme Marisol Touraine. Ses collègues au gouvernement lui emboîtent le pas. "Soyez fiers de ce bilan et de préparer un projet en vue de la future candidature du président de la République", se fait encore plus explicite le ministre des Sports, Patrick Kanner qui interviendra dans une courte prise de parole. "Nous ne sommes pas dans une situation facile mais la France va mieux même si les Français ne le voient pas encore", assure Stéphane Le Foll. Dans une vidéo projetée dans la salle, une militante lance à la fin du meeting : "Rappelons-nous comment nous sommes passés de 3 à 51% !". Tonnerre d’applaudissements. La thérapie de groupe fonctionne dans la salle, reste à savoir si elle marchera avec les Français.