Gérald Darmanin s'est rendu lundi soir à l'Élysée pour s'entretenir avec Emmanuel Macron après le rejet surprise par l'Assemblée nationale de son projet de loi sur l'immigration. La motion de rejet, déposée par les écologistes, a été adoptée à une courte majorité, avec l'appui du Rassemblement national et des Républicains.
Les principales informations :
- Le projet de loi immigration a été rejeté ce lundi à l'Assemblée nationale
- La motion de rejet, déposée par les écologistes, a été adoptée avec 270 voix (et 265 contre)
- Gérald Darmanin a proposé sa démission à Emmanuel Macron qui l'a refusée
- Les groupes de la majorité à l'Assemblée appellent à ne pas retirer le texte
Les groupes de la majorité appellent à ne pas retirer le texte
Les trois groupes du camp présidentiel (Renaissance-MoDem-Horizons) ont appelé lundi à ne pas retirer le projet de loi immigration, tout juste rejeté par l'Assemblée, et à poursuivre le "processus législatif (...) le plus rapidement possible". "Ce texte est nécessaire et attendu des Français", ont insisté les trois groupes dans un communiqué, fustigeant la coalition d'oppositions (gauche-LR-RN) qui ont voté une motion de rejet du texte : "des digues ont sauté au nom du commerce électoral". L'exécutif peut choisir de faire poursuivre le parcours du texte au Sénat, en commission mixte paritaire Sénat-Assemblée, ou décider de l'abandonner.
"C'est un échec", dit Gérald Darmanin
La motion de rejet adoptée lundi par l'Assemblée nationale contre le projet de loi du gouvernement sur l'immigration est "un échec", a concédé le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin au 20H de TF1. "C'est un échec, bien évidemment, parce que je veux donner des moyens aux policiers, aux gendarmes, aux préfets, aux magistrats pour lutter contre l'immigration irrégulière", a affirmé Gérald Darmanin, quelques minutes après avoir présenté sa démission au président Emmanuel Macron, qui l'a refusée. Les députés ont voté, plus tôt, la motion de rejet écologiste à 270 voix contre 265, sur ce texte porté par le ministre de l'Intérieur, infligeant un camouflet politique à l'exécutif.
Désormais, "ce texte va continuer son chemin institutionnel", avec "trois possibilités pour le gouvernement", a poursuivi Gérald Darmanin. "Soit arrêter le texte", a-t-il dit, "mais des mesures fortes pour les policiers, les gendarmes, pour la protection des Français doivent être prises dans un texte de fermeté qui, notamment, vise à expulser les étrangers délinquants". "On voit assez de drames pour ne pas prendre nos responsabilités", a-t-il ajouté, semblant écarter cette hypothèse. Soit le gouvernement tranche pour "une nouvelle lecture au Sénat", a poursuivi le ministre. Troisième option: "On envoie directement le texte dans ce qu'on appelle la commission mixte paritaire", réunissant députés et sénateurs. "Nous verrons ce que nous déciderons", a encore déclaré Gérald Darmanin, affirmant que "le président de la République nous a demandé de trouver cette ligne de crête pour faire adopter des mesures fortes".
Élisabeth Borne réunira lundi soir les ministres concernés et les présidents de groupe de la majorité
Elisabeth Borne réunira lundi soir les ministres concernés par le projet de loi sur l'immigration rejeté par l'Assemblée nationale, les présidents de groupe de la majorité, le président de la Commission des lois Sacha Houlié et le rapporteur général du texte Florent Boudié "pour établir la stratégie", a annoncé Matignon à l'AFP. La présidente Renaissance de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet sera aussi présente à cette réunion, a précisé Matignon.
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En votant en faveur d'une motion de rejet préalable, "les oppositions refusent le débat sur un sujet important pour les Français", a estimé l'entourage de la Première ministre. Cette motion de rejet, votée par LR, le RN et la Nupes, "c'est l'alliance des contraires", a ajouté la même source.
Les ONG appellent à "retirer" le texte
Les associations et ONG de défense des étrangers ont appelé lundi le gouvernement à "retirer" son projet de loi sur l'immigration. "Ce qui s'est passé confirme ce qu'on dit depuis plusieurs mois : ce texte est un naufrage annoncé. La communication démagogique du gouvernement a fait peser une pression considérable sur ce projet de loi, dont on sait pourtant depuis le début qu'il n'existe pas de majorité pour le voter", a déclaré auprès de l'AFP Fanélie Carrey-Conte, secrétaire générale de La Cimade, l'une des associations qui avaient organisé un rassemblement contre ce projet de loi ce lundi.
Darmanin a proposé sa démission à Macron
Le ministre de l'Intérieur a proposé sa démission au chef de l'État qui l'a refusée. "Le président de la République a demandé à la Première ministre et au ministre de l'Intérieur et des Outre-mer de lui faire des propositions pour avancer en levant ce blocage et aboutir à un texte de loi efficace", ajoute l'entourage du président.