Les polémiques se suivent pour Jean-Frédéric Poisson. Le président du Parti chrétien démocrate (PCD), déjà épinglé pour avoir dit qu'aux États-Unis, Hillary Clinton était soumise aux "lobbies sionistes", est désormais soupçonné de ne pas vouloir respecter les règles de la primaire de la droite, à laquelle il est pourtant candidat. Dans une interview accordée au magazine Lyon People, l'ex-inconnu de la primaire hésite au moment de répondre lorsqu'on lui demande qui il soutiendra au second tour de la présidentielle en cas de duel entre Marine Le Pen et le candidat Les Républicains. "On verra", répond-il. "Plus je vois évoluer Alain Juppé, plus je me dis que le projet de société multiculturelle qui a mis la France par terre est décidément à côté de la plaque."
"En acceptant de participer, il en accepte les règles". Une déclaration inacceptable dans le cadre de la primaire, puisque Jean-Frédéric Poisson, comme les autres candidats, s'est engagé à soutenir le vainqueur de ce scrutin à la présidentielle. "Personne n'est allé le chercher pour l'obliger à se présenter à la primaire. En acceptant de participer, il en accepte les règles", martèle Bruno Retailleau, chef de file des sénateurs LR. Ce soutien de François Fillon rappelle par ailleurs que le président du PCD avait répété, lors du premier débat entre les sept candidats, qu'il se soumettrait à ce règlement.
Des excuses pour éteindre l'incendie. Dans ce contexte, si la Haute autorité de la primaire n'exclut pas Jean-Frédéric Poisson, elle se met en porte-à-faux vis-à-vis des centaines de milliers, voire des quelques millions d'électeurs de la primaire qui, eux, doivent signer la charte disant qu'ils "adhèrent aux valeurs républicaines de la droite et du centre". C'est le meilleur moyen de les démobiliser et les dissuader d'aller participer à un scrutin dénaturé. Dans un communiqué, Jean-Frédéric Poisson a tenté d'éteindre l'incendie, assurant qu'il continuait "de penser que, malgré leurs faiblesses, les familles politiques de la droite et du centre sont les plus à même de diriger le pays dans la tranquillité à partir de 2017". "Je lui accorde le bénéfice du doute", explique Bruno Retailleau. "S'il s'avérait qu'il [suit] cette idée de ne pas respecter les règles de la primaire, il devrait bien sûr y avoir une procédure. Il s'auto-exclurait seul."
Main tendue. Jean-Frédéric Poisson n'est certes pas le premier à faire tomber les barrières entre la droite traditionnelle et le Front national. Nicolas Sarkozy, notamment, tend la main aux électeurs frontistes. Mais il s'agit là d'une stratégie pour asphyxier Marine Le Pen et éliminer son parti, tandis que le président du PCD, lui, ne refuserait pas de gouverner avec elle. Il assume une proximité idéologique avec l'extrême droite, au point que Marion Maréchal-Le Pen elle-même dit avoir de la sympathie pour Jean-Frédéric Poisson et a pris sa défense après la polémique sur les "lobbies sionistes".
Construire des passerelles ou couper les ponts ? Pour conquérir le pouvoir, le Front National a besoin de sortir de son isolement. C'est pourquoi il tente de s'allier à Debout la France de Nicolas Dupont-Aignan, et pourrait ouvrir les bras au PCD de Jean-Frédéric Poisson. Derrière ces petites passerelles, on retrouve cette idée d'union des droites, extrêmes et républicaine, comme le souhaitait en son temps Bruno Mégret, ou comme a pu l'espérer Patrick Buisson. Ce n'est pas le cas de Nicolas Sarkozy, qui a toujours refusé des accords avec le Front national et menacé d'exclusion, lorsqu'il présidait Les Républicains, tout élu qui pactiserait avec l'extrême droite.