"Une aide formidable". Le leader de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon s'est félicité samedi du coup d'éclat de Ségolène Royal, qui a offert de conduire une liste d'union de la gauche aux élections européennes, mais suscité le scepticisme dans les autres partis de la Nupes. "Ségolène Royal fait preuve d'audace, de courage et elle sait très bien qu'elle n'aura pas que des compliments, mais moi je veux approuver son initiative, sa contribution à la bataille pour l'union", a dit Jean-Luc Mélenchon, dans une interview à TF1, en marge des universités d'été de son mouvement qui se tiennent dans la Drôme, à Châteauneuf-sur-Isère.
"Il s'agit de lancer une dynamique d'union", a déclaré vendredi Ségolène Royal, créant la surprise dans les rangs de la gauche. Pourrait-elle conduire elle-même cette liste ? "C'est l'idée", a répondu l'ex-ministre socialiste, précisant qu'elle réfléchissait à ce projet depuis "avant l'été". À l'aune de cette déclaration de la finaliste de la présidentielle 2007, Jean-Luc Mélenchon a invité "tous ceux" qui pensent que l'union "est le choix de la raison" à se dévoiler, afin de faire pression sur les dirigeants écologistes, communistes et socialistes.
Vers une liste commune aux Européennes ?
LFI milite depuis des mois sans succès pour une liste commune aux Européennes de juin 2024. Et le sujet contribue largement aux tensions que traverse l'alliance des partis de gauche. Un peu plus tôt, à Blois, où les socialistes tiennent leur université d'été, leur premier secrétaire Olivier Faure a réaffirmé, sans citer Ségolène Royal, prendre acte de "la décision des communistes et des écologistes de partir sous leurs propres couleurs" qui rend plus probable une liste autonome des socialistes. Mais pour lui, "ce qui va se passer aux Européennes n'entrave pas la perspective de l'union en 2027", pour la présidentielle.
C'est autant la perspective d'avoir l'ancienne candidate à la présidentielle comme tête de liste que celle d'une alliance avec la France Insoumise que rejettent les socialistes, même si persiste une ligne "unioniste" incarnée par le député de l'Essonne Jérôme Guedj. Le parlementaire, qui a rencontré Ségolène Royal "ces dernières semaines", a regretté samedi matin sur RMC la position d'Olivier Faure. "Moi, j'appelle à ce qu'on ne ferme pas le rideau comme ça brutalement" à une éventuelle liste d'union.
S'il ne se prononce pas sur la personnalité de Ségolène Royal pour la conduire, le député insiste sur les "dizaines de points de convergence" entre les différents partis de la Nouvelle union populaire, écologique et sociale (Nupes). Pourtant, la question européenne demeure l'un des principaux points d'achoppement entre Europe Écologie-Les Verts (EELV) et le PS d'un côté, tenant d'une ligne pro-européenne voire fédéraliste, et LFI et le Parti communiste de l'autre, opposés à plusieurs traités de l'Union européenne.
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Royal, un "non-événement"
Des divergences que n'a pas manqué de rappeler samedi matin sur France 2 François Kalfon, membre du bureau national du Parti socialiste, figure de la ligne anti-Nupes. "Est-ce que nous, socialistes, sommes prêts à désobéir aux traités (européens) ?", s'est-il interrogé, avant de rappeler que son parti était "clair" sur la question de l'Ukraine, par opposition aux Insoumis. Si les caciques du PS sont majoritairement favorables à une liste autonome, les jeunes socialistes sont "très favorables à l'union", comme l'explique leur présidente Emma Rafowicz. "Mais nous sommes très loyaux à notre parti", ajoute-t-elle.
Personne, en revanche, ne semble séduit par la figure de Ségolène Royal. "C'est l'éternel retour d'une femme talentueuse mais qui n'est pas en mesure de rassembler les socialistes", a lancé François Kalfon. "Je sais que c'est la mode vintage, mais bon...", a aussi ironisé Cyrielle Châtelain, la cheffe des députés écologistes, qui participait à des débats à Blois, là où son collègue socialiste Arthur Delaporte parle d'un "non-événement".
"Quand on est chroniqueur chez (Cyril) Hanouna, on est obligé de faire du buzz, visiblement, elle est déjà chroniqueuse", persifle un député socialiste. L'ancienne présidente de la région Poitou-Charente sera en effet présente dans l'émission controversée Touche pas à mon poste, sur C8, à la rentrée. Une participation critiquée à gauche, au même titre que des déclarations ambiguës ces derniers mois sur la guerre en Ukraine ou la pandémie de Covid-19.