C’est l’amendement de la discorde. Les députés ont modifié dans la nuit de mercredi à jeudi la loi Evin, qui limitait très fortement la publicité pour l’alcool depuis plus de 25 ans. Cette victoire du lobby viticole a provoqué la colère du gouvernement, en particulier de Marisol Touraine, la ministre de la Santé.
"Le vote de cette nuit est un coup dur porté à la santé publique. Je regrette que la loi Macron serve à détricoter la loi Evin", a-t-elle déclaré, excédée, jeudi matin. Mais le gouvernement, qui demandait la suppression de cet amendement, ne s’avoue pas vaincu pour autant. La ministre va déposer un amendement elle-même pour défendre la loi Evin et François Hollande va même se mêler personnellement de ce dossier au cours des prochains jours, selon les informations d'Europe 1.
François Hollande s’implique personnellement. Cette fronde des députés a agacé jusqu’au plus haut niveau de l’État. Dimanche, le président de la République inaugurera à Bordeaux le salon Vinexpo, où un parterre de professionnels du vin et des spiritueux, remontés à bloc après cette première victoire, l’attendront de pied ferme. François Hollande va évidemment saluer les réussites d'un secteur économique clé pour la France, mais il réaffirmera dans le même temps la position du gouvernement, qui refuse de revenir sur la loi Evin. Un vrai numéro d’équilibriste.
Macron réclame un groupe de travail. Emmanuel Macron devrait, lui aussi, monter au créneau. Le ministre de l’Économie va demander la constitution d’un groupe de travail pour apaiser "pour lever d'éventuelles difficultés d'interprétation de la législation existante". L’objectif : que cette mesure ne figure plus dans la loi Macron, qui sera étudiée en seconde lecture à l’Assemblée nationale à partir de mardi prochain.
Rien n’est joué. Mais la guérilla entre les députés favorables à cet amendement, en particulier les élus des régions viticoles, et le gouvernement ne fait que commencer. La loi Macron ne sera en effet votée définitivement qu’à la fin du mois de juillet. "Je ne doute pas qu'il y aura des amendements de suppression. J'en déposerai moi-même un et le sujet sera de nouveau débattu dans l'hémicycle" lors de l'examen en nouvelle lecture du projet de loi Macron, a déjà prévenu le député socialiste Dominique Lefebvre, vice-président de la commission des Finances.
Dans ces conditions, impossible de prévoir le sort de cet amendement controversé, véritable poil à gratter du gouvernement.