La présidente de la Commission nationale du débat public (CNDP), Chantal Jouanno, a assuré vendredi que le "grand débat national" serait "libre" et pas forcément limité aux quatre thèmes définis par le gouvernement qui devra être "dans une posture d'écoute". "C'est un débat libre", a-t-elle garanti sur CNews, s'engageant à organiser le débat, voulu par Emmanuel Macron face à la crise des "gilets jaunes", en toute indépendance.
Des réunions, "pas des meetings politiques". "On est aux ordres de personne, on est aux ordres des Français simplement, pour garantir leur droit à la participation, sinon j'arrête tout de suite", a expliqué Chantal Jouanno. Dans une lettre adressée en décembre à Matignon, la CNDP avait assuré qu'elle "veillera(it) à ce que les réunions" ne soient pas des "meetings politiques".
À partir de la mi-janvier et jusqu'en mars, quatre thèmes seront au cœur des discussions auxquelles les citoyens sont invités à participer : la transition écologique, la fiscalité et les dépenses publiques, la démocratie et la citoyenneté (dont l'immigration), l'organisation de l'État et des services publics. "Vous êtes libres d'ajouter autre chose parce que ces quatre thèmes ne sont pas exclusifs", a précisé l'ancienne ministre de Nicolas Sarkozy. Interrogée sur la possibilité d'évoquer "les questions liées à la laïcité, à la religion, à l'islamisation de la société", elle a répondu : "absolument, (les Français) sont libres d'apporter toutes ces questions s'ils estiment que c'est légitime".
Assurer la confiance dans les résultats. Chantal Jouanno a clairement distingué les rôles dans cette consultation. "Le rôle du gouvernement c'est une posture d'écoute", celui de la commission "c'est de faire une photographie et de donner à voir ce que la population française vit et ce qu'elle propose". Cela passera notamment par des "réunions d'initiatives locales", "une plateforme numérique", et "plein d'outils pour éviter que quelqu'un ne récupère le débat". Elle a aussi demandé au gouvernement "de s'engager dès aujourd'hui sur la manière dont il va tenir compte de ces résultats" car "c'est important pour la confiance dans le débat".
Selon un sondage Harris interactive publié mercredi, près d'un Français sur deux (47%) pense que le gouvernement ne tiendra "pas du tout" compte des avis émis lors de cette concertation dont Emmanuel Macron doit prochainement préciser les contours dans une lettre. Entre 3.000 et 5.000 communes recueillent déjà les requêtes de leurs administrés depuis début décembre. L'Association des maires ruraux de France (AMRF) en fera une synthèse mi-janvier à ajouter aux conclusions du "grand débat". Selon de premières synthèses provisoires résumées par Chantal Jouanno, les deux sujets qui remontent très fort sont "la justice sociale et fiscale" et "l'injustice territoriale".