L'Assemblée recomposée, qui pour gouverner ? Après la surprise des législatives anticipées marquée par l'arrivée en tête du NFP, aucune majorité absolue ne se dégage. Alors que Gabriel Attal remet sa démission ce lundi matin à Emmanuel Macron, ce dernier lui a demandé de rester à son poste "pour le moment" afin d'"assurer la stabilité du pays".
La gauche revendique de son côté le poste de Premier ministre et promet un nom "dans la semaine". Ce nom sera-t-il celui de Jean-Luc Mélenchon ? Si cette hypothèse a été un temps écarté, ce lundi matin Mathilde Panot a affirmé que ce dernier "n'est absolument pas disqualifié" pour Matignon. Suivez en direct l'évolution de la situation.
Les informations à retenir :
- Emmanuel Macron a demandé à Gabriel Attal de rester à Matignon "pour le moment"
- Bardella "assume" sa "part de responsabilité" dans la "défaite" du RN
- Aucun des trois blocs (Nouveau Front populaire, camp macroniste ou le Rassemblement national) n'a obtenu la majorité absolue
- La gauche revendique le poste de Premier ministre et promet un nom "dans la semaine"
Darmanin a convié une trentaine de parlementaires macronistes à déjeuner
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, réélu dans sa circonscription du Nord, fait partie de ceux qui se mobilisent pour tenter de constituer une coalition allant des Républicains au Parti socialiste. Au lendemain de sa réélection, il a convié à déjeuner ce lundi à la mi-journée, une trentaine de parlementaires du camp présidentiel, dont d'anciens LR tel qu'Éric Woerth.
Mais ce souhait d'alliance de circonstance pourrait se retrouver face à un mur. Laurent Wauquiez, par exemple, oppose une fin de non-recevoir. "Ni coalition, ni compromission", explique le député LR de Haute-Loire.
Le Medef réclame "une politique économique lisible et stable"
Le Medef, première organisation patronale française, a réclamé lundi au nouveau gouvernement qui sera issu des législatives de déployer "une politique économique lisible et stable", appelant aussi Emmanuel Macron "à faire le choix du pays plutôt que celui des intérêts partisans".
"Le moteur de la croissance ne pourra se rallumer que si le pays poursuit une politique économique lisible et stable, garante de la compétitivité des entreprises et seule capable de restaurer la confiance et d'assurer l'emploi", a indiqué le Medef dans un communiqué.
Bardella "assume" sa "part de responsabilité" dans la "défaite" du RN
Le président du Rassemblement national Jordan Bardella a "assumé" lundi une "part de responsabilité" dans la "défaite" du RN, arrivé troisième lors des législatives anticipées de dimanche derrière la gauche et le camp macroniste. "On commet toujours des erreurs, j'en ai commises", a expliqué l'eurodéputé. "J'assume ma part de responsabilité tant dans la victoire aux élections européennes que dans la défaite d'hier (dimanche)", a-t-il ajouté.
Par ailleurs, selon des eurodéputés, la tête de liste du parti aux européennes va présider un nouveau groupe nationaliste au Parlement européen.
Emmanuel Macron demande à Gabriel Attal de rester à son poste "pour le moment"
Comme il l'avait annoncé dimanche soir, Gabriel Attal s'est rendu à l'Elysée pour remettre sa démission à Emmanuel Macron. Mais ce dernier lui a demandé de rester à Matignon "pour le moment" afin "d'assurer la stabilité du pays".
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France cherche Premier ministre
"Il faut que dans la semaine, nous puissions être en mesure de présenter une candidature" au poste de Premier ministre, a estimé lundi le patron du Parti socialiste Olivier Faure, au lendemain des élections législatives qui ont placé la gauche en tête dimanche, mais sans majorité absolue. Jugeant qu'il ne fallait pas donner "le sentiment que nous ne sommes pas capables de gouvernement", Olivier Faure a assuré que le choix se ferait "cette semaine", "soit par consensus, soit il y aura forcément un vote", entre les différentes formations du Nouveau Front populaire.
Mais qui proposer ? Si le nom de Jean-Luc Mélenchon a un temps été écarté, Mathilde Panot a affirmé ce lundi matin que ce dernier "n'est absolument pas disqualifié" pour Matignon. "Jean-Luc Mélenchon est celui qui a réappris à la gauche à gagner, celui qui a redonné de l'espoir à des millions de personnes en faisant 22% à l'élection présidentielle, celui grâce à qui a pu exister non seulement la Nupes mais aujourd'hui le Nouveau Front populaire".
De son côté, la patronne des écologistes, Marine Tondelier estime qu'Emmanuel Macron "devrait appeler aujourd'hui officiellement le Nouveau Front populaire à lui transmettre un nom de Premier ministre".
Comme avant le scrutin, elle a souligné "qu'un bon Premier ministre doit apaiser le pays (et) fédérer dans son propre camp" et que par conséquent ce n'était "pas parti pour être Jean-Luc Mélenchon". Pour autant, la France insoumise reste selon elle incontournable pour constituer une majorité à l'Assemblée nationale. "Ceux qui nous expliquent qu'ils vont faire une majorité sans LFI n'ont pas eu les même profs de maths que moi (...) Je ne vois pas comment c'est possible", a-t-elle ajouté.
Pas d'alliance entre le bloc macroniste et Les Républicains ?
Sans une partie de la gauche, les macronistes ne pourront pas gouverner. Mais sans une partie des macronistes, le Nouveau Front populaire n'y parviendra pas non plus... Problème : le camp présidentiel a clairement fait savoir qu'il ne s'allierait pas avec La France insoumise, une hypothèse également balayée par le mouvement de Jean-Luc Mélenchon. Lorgner du côté des Républicains, qui ont très bien résisté avec une soixantaine d'élus malgré le ralliement de leur chef Eric Ciotti au RN, pourrait également s'avérer peine perdue : Laurent Wauquiez, de retour sur la scène nationale avec son élection en Haute-Loire, a prévenu qu'il "n'y aura ni coalition ni compromission" de la part de LR.
"Cette alliance contre le RN aboutit à une forme de paradoxe institutionnel. Les électeurs se sont mobilisés, ont répondu à cet appel mais pour produire une France ingouvernable à ce stade", analyse pour l'AFP le politologue Martial Foucault (Cevipof). À gauche, les dirigeants du Nouveau Front populaire sont à nouveau mis au défi de surmonter leurs divergences, au cœur d'une alliance aussi large qu'hétérogène allant de Jean-Luc Mélenchon à Raphaël Glucksmann, de l'antifa Raphaël Arnault à l'ex-président François Hollande, élu en Corrèze.
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Pour Bayrou, la majorité est sans LFI est "possible"
François Bayrou a jugé lundi "possible" la constitution d'une majorité hors Rassemblement national et sans La France insoumise, jugeant que les partis de gauche formant la Nouvelle Union populaire, sortie en tête des législatives, ont "des attitudes et des choix politiques incompatibles entre eux". "Cette élection n'a pas livré numériquement son verdict", a réagi François Bayrou lundi. "Le paysage n'est pas encore clarifié", a ajouté le président du MoDem. "Donnons-nous trois jours pour voir en effet qui rassemble le plus de sièges de parlementaires", a prôné cet allié d'Emmanuel Macron. "Il faut vérifier les chiffres, c'est-à-dire : qui est capable de constituer un ensemble ?"
Pour Franz-Olivier Giesbert, ces législatives laissent "trois vainqueurs" et "un vaincu"
Autour de 190 sièges pour le NFP, autour de 160 pour le camp présidentiel, quelque 140 places pour le RN et ses alliés... Le second tour des législatives n'a pas permis de former une majorité absolue à l'Assemblée nationale. Pour l'écrivain et éditorialiste Franz-Olivier Giesbert, invité de La Grande interview Europe 1-CNews lundi, ce résultat montre "trois vainqueurs" et "un vaincu". Pour ce dernier, si les trois camps ont gagné, il y a un vaincu : "La France". >> Découvrez son analyse
François Hollande, Gabriel Attal, Olivier Véran... Les résultats des principales personnalités politiques
De nombreuses personnalités politiques se sont soumis aux résultats des urnes dimanche soir. Parmi elles, François Hollande, Olivier Véran ou encore Eric Ciotti... >>Découvrez ces résultats dans notre article dédié
Joie à Marseille...
A l'annonce des résultats, les sourires étaient de mise au QG NFP de Marseille. "Je suis super heureuse. Donc, on n'a pas milité pour rien, d'autant plus quand on sortait des européennes", explique avec joie au micro d'Europe 1, Gisèle. La gauche fête cette victoire, mais rien n'est joué selon Katia, militante de longue date dans les quartiers nord de la cité phocéenne. "C'est une victoire parce qu'on a déjoué les sondages. Mais moi, je dis à la gauche, plus de divisions." >> Découvrez notre reportage
... et coup de massue à Hénin-Beaumont
L'ambiance était radicalement différente à l'autre bout du pays dimanche soir, dans le fief historique du RN, à Hénin-Beaumont. "Comme d'habitude, on nous fait toujours barrage. Toujours les barrages et toujours les alliances, ça fait des années que ça dure. Moi je suis très déçu, je pensais vraiment qu'on allait passer. Je ne m'y attendais pas. Mélenchon premier, je tombe des nues", a soufflé à notre micro Pascal, électeur du parti à la flamme. >> Notre reportage sur place à découvrir ici