L'exercice n'est pas facile. Les personnalités connues sont scrutées de près. Celles qui le sont moins peuvent prendre un coup de projecteur… ou plomber les audiences. Un passage dans un format télévisuel long comme L'Emission politique (environ 2 heures) n'a jamais rien d'anodin. Et Gérald Darmanin, qui sera sur le plateau de France 2 jeudi soir, est bien placé pour le savoir.
Contexte difficile. Le ministre de l'Action et des Comptes publics a beau être considéré comme l'étoile montante de la macronie –après avoir été celle de la Sarkozie-, il ne s'est pas encore imposé dans le paysage médiatique. En théorie, donc, il n'a rien à perdre à répondre aux questions de Léa Salamé. Cela avait plutôt bien réussi au ministre de l'Éducation, Jean-Michel Blanquer, passé par là mi-février et qui avait battu un record en convainquant 71% des téléspectateurs, selon le traditionnel sondage Ipsos post-émission. Mais pour Gérald Darmanin, le contexte est différent. Et plus difficile.
CSG et pouvoir d'achat. Politiquement, d'abord. Car le ministre en charge des finances passera à la télévision au moment où la question du pouvoir d'achat de certaines franges de la population suscite la grogne. La hausse de la CSG, au cœur du courroux des retraités qui battent le pavé jeudi après-midi, lui sera forcément renvoyée en pleine figure. Le reportage en immersion, passage obligé de L'Emission politique, montrera d'ailleurs l'ancien maire de Tourcoing débattre sur ce sujet avec des seniors.
Gérald Darmanin sera également opposé pour un débat à Olivier Besancenot. En pleine réforme de la SNCF, la discussion avec l'ancien porte-parole du Nouveau Parti Anticapitaliste s'annonce électrique. Selon le JDD, son deuxième interlocuteur devrait être Jean-Marie Le Pen. Un retour à l'envoyeur, puisque Gérald Darmanin avait lui-même été l'invité surprise face à Marine Le Pen en octobre dernier.
Plaintes. C'est aussi judiciairement que Gérald Darmanin est affaibli. Le ministre est visé par deux plaintes, l'une pour viol en 2009, l'autre pour abus de faiblesse entre 2015 et 2016. La première a été classée sans suite à deux reprises. Et le ministre a porté plainte pour dénonciation calmonieuse contre sa seconde accusatrice. Mais chaque fois, les histoires se ressemblent : l'ancien responsable politique de l'UMP aurait échangé des faveurs sexuelles contre la promesse d'intervenir pour obtenir un logement social ou de faire annuler une condamnation. Il semble difficilement imaginable que Gérald Darmanin puisse traverser l'émission sans avoir à répondre à des questions sur ces accusations.
L'audience sera évidemment scrutée de près. À charge pour Gérald Darmanin de faire mieux que Laurent Wauquiez. Le président des Républicains, qui avait été invité fin janvier, est pour l'instant le détenteur du record de la pire audience de L'Emission politique, avec à peine 1,5 million de spectateurs.