Longtemps, les élus PS ont semblé paralysés par l'ampleur de la tâche, anesthésiés devant un champ de ruines. Désormais, il est grand temps de "prendre la truelle et s'attaquer au chantier", pour reprendre l'expression de l'un des députés survivants. Le Congrès d'Aubervilliers, ce week-end, devait justement être celui de la renaissance. Avec un nouveau premier secrétaire officiellement investi, Olivier Faure, le parti laminé à la présidentielle puis aux législatives doit reprendre crédibilité et poids politiques. Mais le chemin s'annonce long et semé d'embûches.
Objectif rassemblement. Dimanche, dans son discours de clôture, Olivier Faure a égrené ce que seraient ses prochains chantiers. D'abord, bien sûr, le rassemblement. C'était déjà le leitmotiv de sa campagne interne, c'est désormais "une obligation et non pas une option". Appelant au dépassement des courants et des chapelles politiques, "qui sont notre histoire et sont devenus notre boulet", le nouveau leader PS a contesté l'existence de "gauches irréconciliables". Et prôné une "clarification" qui ne serait pas une "division". "Si la clarification, c'est le dépassement des clivages et le refus des postures artificielles, alors je dis 'banco'", a-t-il lancé.
Trouver un positionnement politique. Ensuite, évidemment, le positionnement politique du PS. Olivier Faure croit dur comme fer qu'il y a un espace entre la gauche de la gauche, incarnée par La France Insoumise ou le mouvement de Benoît Hamon Génération.s., et La République en marche!. "En mai et en juin, les Français nous ont sanctionnés, mais ils ne nous ont pas remplacés", a-t-il estimé. Rejetant tous les "accords d'appareil" que certains pourraient appeler de leur vœux avec un Mélenchon ou un Hamon, le premier secrétaire du PS a néanmoins réservé ses piques les plus acerbes à Emmanuel Macron et sa "politique et de droite et de droite". Preuve que s'il peut éventuellement subsister une porosité sur le flanc gauche, Olivier Faure est bien décidé à ériger une infranchissable barrière sur son côté droit.
Organiser les européennes. Le nouvel homme fort de Solférino devra également se pencher sur les prochaines échéances électorales : les européennes de mai 2019. Et ce ne sera pas une mince affaire. Car, déjà, des divergences se font jour. Dans son discours dimanche, Olivier Faure s'est affirmé comme un fédéraliste convaincu. "Le retour vers le peuple ne se fera pas en enfermant de nouveau la politique dans le cadre national désormais dépassé. Le retour vers le peuple, c'est la prise du pouvoir du peuple dans la construction européenne", a-t-il déclaré. Une position qui n'est pas franchement partagée par tous au PS, notamment sur l'aile gauche. À charge pour le premier secrétaire d'affirmer une ligne claire avant que ne commencent les débats sur la question. Car entre une République en marche très pro-Union européenne et une France Insoumise très critique, il sera difficile pour les socialistes de faire entendre une voix médiane.
Rallumer la flamme. Mais au-delà de ces échéances et ces positionnements, au-delà aussi de la recherche d'un nouveau siège pour le parti, Olivier Faure aura la lourde tâche de rallumer la flamme des militants. Car si la salle était aux trois-quarts pleine, le Congrès d'Aubervilliers aura quelque peu manqué d'enthousiasme. Et le discours fleuve du nouveau premier secrétaire (une heure et demie) aura certes suscité quelques vagues d'applaudissements, mais aussi bien des impatiences.