Jérôme Lavrilleux s’est lâché dans les grandes largeurs. Dans un entretien à L’Obs publié mercredi, l'ex-directeur de cabinet de Jean-François Copé accuse Nicolas Sarkozy de ne pas "assumer" ses responsabilités dans l'affaire Bygmalion. "Il ne faudrait plus appeler cette affaire 'Bygmalion', mais celle des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy", assène l’eurodéputé.
Avant, il couvrait Sarkozy. Jusqu’ici, Jérôme Lavrilleux avait toujours dédouané Nicolas Sarkozy et Jean-François Copé. "Si Nicolas Sarkozy dit qu'il n'en a jamais entendu parler lui-même (de Bygmalion, ndlr), je n'ai aucune raison de remettre en cause sa parole. S'il le dit, c'est que ça doit sans doute être vrai", assurait-il à Europe 1, le 15 octobre 2014. Depuis, de l’eau semble avoir coulé sous les ponts, et pas qu’un peu. Car dans L’Obs, c’est un festival d’accusations.
"Les comptes ont débordé de tous les côtés". Jérôme Lavrilleux balance ainsi un nouveau scud : en plus de 18 millions d’euros de fausses factures, l’UMP aurait payé 10 millions d’euros de plus. "Concernant la ligne budgétaire de la présidentielle, l’UMP avait prévu de dépenser 2,5 millions d’euros cette année-là. Combien ont été finalement payés par l’UMP ? Dix millions, en plus des fausses factures de Bygmalion !", affirme l'eurodéputé. En ajoutant les 22,5 millions d'euros de dépenses autorisées et les 18 millions de fausses factures de Bygmalion, le total des dépenses pour la campagne de Nicolas Sarkozy s'élèverait donc à 50 millions d'euros, selon Lavrilleux. "Les comptes ont débordé de tous les côtés", affirme-t-il.
"Pas envie d'apprendre à nager dans 20 cm d'eau". Plus loin, l’ancien bras droit de Jean-François Copé confie avoir parfois "peur". Et Jérôme Lavrilleux de citer Robert Boulin, ce ministre retrouvé mort dans un étang en 1979 : "je n'ai pas envie d'apprendre à nager dans 20 cm d'eau comme Robert Boulin. J’ai dit à mes proches que si j'avais un accident de voiture, il faudrait faire une expertise".
"Il essaye de s'en sortir avec cette nouvelle version". Dans l'entourage de Nicolas Sarkozy, on balaye toutes ces accusations d'un revers de main : "Ça concerne uniquement Bygmalion, la justice va faire son travail". "On n’accorde aucune importance à ces déclarations sans fondement. Il manque de cohérence", assure un autre. Et un proche de l’ancien chef de l’Etat de dénoncer un Jérôme Lavrilleux "aux abois", tout en soulignant son changement de version depuis la confrontation entre les cinq personnes mises en examen, vendredi dernier. "Il essaye de s'en sortir avec cette nouvelle version". "Pour qu’il sorte du bois, c’est qu’il doit se sentir acculé", conclut un autre proche de l’ancien président.