Le réveil a été difficile vendredi pour les participants au premier débat de la primaire de la gauche. La soirée de jeudi a été laborieuse, et cela n’a pas vraiment échappé aux candidats eux-mêmes. L’audience, mitigée, avec 3,6 millions de personnes, devant TF1 - quand celui de la primaire de la droite en avait attiré 5,6 millions de téléspectateurs-, est venue sanctionner cette impression d’ennui. Or, le prochain débat, c’est déjà dans deux jours, dimanche, à un horaire inhabituel, 18 heures. Il reste donc peu de temps pour trouver des solutions.
"Peut-être qu’il faut revoir la formule". C’est en tout cas le souhait plus ou moins avoué des candidats. Jean-Luc Bennahmias l’a dit clairement. "Peut-être qu’il faut revoir la formule dans les autres débats", s’est-il interrogé. Très remarqué pendant le débat, le président du Front démocrate se démarque là encore, puisqu’il est le seul à le proposer aussi ouvertement. Mais il rejoint ses petits camarades quant aux limites de l’exercice. "Je ne suis pas très satisfait au sens où l’exercice est compliqué quand on est sept. C’est difficile d’aller au fond", a ainsi admis Benoît Hamon sur France Info. "17 minutes pour discuter des problèmes de la France, du monde…", s’est de son côté exaspéré Arnaud Montebourg sur BFMTV. Bref, une belle unanimité pour consentir que la soirée n’a pas été des plus réussies.
Tout changer ? Il est vrai que par souci d’une stricte égalité de traitement et de temps de parole, les sept candidats sont placés face à leurs interlocuteurs, et n’ont que peu de temps pour s’exprimer. "Avec ce dispositif technique, ça ne peut pas être autre chose que la chronique d’un jeu des sept monologues et d’un ennui annoncé", s’agace Arnaud Mercier, professeur en communication politique à l’université Panthéon-Assas. "Quand les sept candidats sont en rang d’oignon, il ne peut pas se passer grand-chose. C’est terrifiant, comme système."
La solution ? "Il faut assumer le fait qu’ils ne peuvent pas s’affronter à sept en même tempos, casser le a mythologie de l’égalitarisme à tout crin, qu’ils s’affrontent à deux ou trois", prône Arnaud Mercier. Classer les candidats en plusieurs catégories semble impossible, alors l’universitaire a une autre solution. "Ça peut être un tirage au sort", explique-t-il. Autre solution : que les sept candidats se succèdent les uns après les autres, puisque de toute façon, ils évitent la confrontation. "Est-ce que ce serait beaucoup plus efficace ? Pas sûr", répond, sceptique, Arnaud Mercier. Et de toute façon, il est trop tard pour envisager des changements aussi radicaux.
Les candidats ont les cartes en main. Alors la solution pour un débat plus animé doit venir des candidats eux-mêmes. Ils n’ont pas été exempts de tout reproche. "Ils sont tous dans une posture de présidentiabilité. Il n’y a que Jean-Luc Bennahmias qui faisait un peu d’autodérision, qui ne jouait pas complètement le jeu. Les autres se sont positionnés en candidat crédible, capable d’exercer la fonction, croyant en ses chances. Tout cela donne un jeu de contraintes, même pour ceux qui n’ont rien à espérer, donc rien à perdre", regrette Arnaud Mercier.
Si les favoris Manuel Valls, Arnaud Montebourg et Benoît Hamon étaient dans leur couloir, les autres n'ont pas réussi à se démarquer. Pour le prochain rendez-vous, ils devraient multiplier les interpellations directes et les échanges, c'est ce qui avait rendu le deuxième débat de la primaire de la droite beaucoup plus animé et intéressant que le premier. Les propos avaient été plus vifs, sans verser dans l’agressivité gratuite. Un débat télévisé réussi est à ce prix.