Plus de 190 pages d'observations. La chambre régionale des comptes d'Île-de-France s'apprête à publier un rapport, dévoilé jeudi par France Bleu, sur la gestion de la mairie de Levallois-Perret par Patrick Balkany entre 2007 et 2013. Et celle-ci est sévèrement étrillée par les magistrats. En effet, non seulement la commune est la plus endettée de France par habitant, mais la chambre a également relevé des irrégularités et des dysfonctionnements importants.
Des opérations comptables "oubliées". Les magistrats pointent trois exercices budgétaires, ceux des années 2007, 2011 et 2012. Selon eux, ils étaient déficitaires, alors que la municipalité les avait déclarés équilibrés. La mairie aurait donc "oublié" un certain nombre d'opérations comptables, à hauteur de 117 millions d'euros. Les comptes publiés ne donnent pas "une image fidèle de la situation financière de la ville", bien plus mauvaise que prévue, résume la chambre régionale des comptes.
Un curieux conseiller de communication. Ce n'est pas le seul reproche fait à Patrick Balkany. Le rapport souligne également l'emploi d'un conseiller de communication via le financement d'une association, à hauteur de 150.000 euros. Autrement dit, la municipalité aurait significativement augmenté le budget d'une structure pour permettre à un proche de Patrick Balkany, ancien directeur du développement économique de Levallois, de continuer d'être salarié après son départ à la retraite, en 2012. Ce conseiller "occulte", Renaud Guillot-Corail, bénéficie d'un bureau proche de celui du maire et d'une assistante fonctionnaire.
Des privilèges à la mairie. Primes de logement pour des fonctionnaires qui disposent déjà d'un logement de fonction, heures supplémentaires qui crèvent les plafonds, véhicules de fonction non déclarés et emploi de trois chauffeurs pour la ville... La chambre régionale des comptes épingle le traitement particulièrement généreux de certains responsables de l'administration de Levallois. Autant de privilèges étonnant dans une commune qui ne compte que 65.000 habitants.
Un lien avec Bygmalion. Autre reproche particulièrement accablant du rapport : Levallois-Perret pourrait être lié à l'affaire Bygmalion. De fait, la mairie aurait passé, en 2012, un marché "d’accompagnement et de conseil en communication" avec la société Bygmalion pour plus de 218.000 euros. Les juges notent des irrégularités dans la procédure d'appel d'offres, qui aurait "cherché à favoriser" cette entreprise. Quant aux prestations finalement réalisées par Bygmalion, elles sont "incertaines", selon la chambre régionale des comptes.
Les difficultés s'accumulent donc pour Patrick Balkany, maire de la commune depuis 2001, qui a déjà été mis en examen, le 15 janvier dernier, pour déclarations mensongères sur son patrimoine.