Xavier Bertrand ne veut pas "que la question des listes communautaires devienne le feuilleton des élections municipales". Reçu mardi place Beauvau par le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, son secrétaire d'État Laurent Nuñez et la ministre de la Justice Nicole Belloubet, le Président (ex-LR) de la région Hauts-de-France a présenté ses pistes pour lutter contre ce problème. Il était accompagné du patron des sénateurs Les Républicains Bruno Retailleau, qui a déposé vendredi une proposition de loi sur le sujet.
L'État prévoit une circulaire pour les préfets
"Il vaut mieux prévenir que guérir, et il est possible d'agir maintenant", estime Xavier Bertrand. Mais si tous les interlocuteurs "ont partagé le diagnostic d'un détournement de l'islam par certains à des fins politiques", ils sont en désaccord sur la façon de procéder. Le gouvernement entend "mener une politique globale de lutte contre l'islamisme et le repli communautaire", indique le ministère de l’Intérieur. Et si l'exécutif n'envisage pas d'interdire les listes communautaires qui voudront concourir aux élections municipales de mars 2020, comme l'avait indiqué fin octobre l'entourage du Premier ministre Édouard Philippe à l'AFP, il est prêt à avancer sur "la question d'une circulaire aux préfets", explique le président de la région Hauts-de-France.
Xavier Bertrand espère une loi
Mais "la circulaire, sans une loi, ça ne marchera pas", juge Xavier Bertrand. "Certains voudront présenter des listes, mais d’autres vont aussi chercher à imposer des candidats sur les listes" selon l'élu, qui réfute le caractère "anecdotique" des listes communautaires, même si l'Union des démocrates musulmans français (UDMF) n'a fait que 29.000 voix aux européennes en mai. "Ce ne sont pas des naïfs que nous avons en face à nous, c'est l'islam politique", a-t-il affirmé. "Des candidats qui voudront quoi : imposer des créneaux réservés dans les piscines" ou "ouvrir la question des menus servis dans les cantines", a développé le président de la région Hauts-de-France. Il appelle dans le même temps les partis à "un engagement supplémentaire" en vue des élections municipales de 2020, pour n’accueillir sur leurs listes aucun candidat qui serait sur ce séparatisme, sur ce communautarisme".
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Si la loi est "indispensable", selon Xavier Bertrand, cela devra entraîner, "le moment venu, de toucher à la Constitution", car pour l'élu, lors de son adoption "en 1958, la laïcité n'avait pas la même importance qu'aujourd'hui". Il faut notamment "détailler ce qu'il y a dans l'égalité hommes-femmes", a-t-il poursuivi. De son côté, le député de l'Essonne (LR) Robin Reda a proposé de faire signer "une charte de la laïcité pour démasquer les listes communautaires aux élections municipales de mars 2020".