Pour Caroline De Haas, le million de signatures atteint vendredi soir par la pétition contre le projet de loi El Khomri est le signe "d'un rejet assez massif" de cette réforme d'ampleur du Code du travail. La militante féministe, qui était l'invitée d'Emmanuel Faux dans C'est arrivé demain sur Europe1, est l'initiatrice de ce texte, approuvé par 100.000 personnes supplémentaires depuis ce cap symbolique. "Le fait qu’au bout de quinze jours - quinze jours seulement - il y a déjà 200 rassemblements prévus le 9 mars, c’est le signe qu’il y a un problème. Si ce gouvernement veut entendre ce qui se passe dans le pays, il faut qu’il retire ce projet de loi."
"Un problème démocratique et de contenu". L'activiste, qui avait participé en 2009 à la création du mouvement "Osez le féminisme", critique sévèrement l'exécutif. Il s'agit selon elle d'un projet de loi que même "Nicolas Sarkozy n'aurait pas osé proposer". A l'image de nombreux signataires de la pétition, elle explique avoir voté en 2012 "pour François Hollande et son programme" et se dit cruellement déçue de la tournure prise par le quinquennat.
"Il y a à la fois un problème démocratique dans ce projet de loi et il y a aussi un problème de contenu", analyse-t-elle. "Ce projet de loi propose tout simplement à chaque chapitre d’enlever des droits aux salariés. Par exemple, les apprentis mineurs pourront travailler jusqu’à 40 heures par semaines au lieu de 35 heures. Et ça va rendre un peu plus précaire la situation des salariés aujourd’hui."
"On inverse la hiérarchie des normes". Caroline De Haas met également en cause la "philosophie globale" de la loi El Khomri, qui prévoit de donner plus de place et d'importance aux accords d'entreprises. "On inverse la hiérarchie des normes", s'indigne-t-elle, avant d'insister sur le fait que les accords d'entreprise doivent "améliorer" les droits des salariés inscrits dans le Code du travail, au lieu de les "amoindrir". La militante a fait partie du PS pendant treize ans, avant de le quitter en 2014. Elle a fait partie de plus cabinets ministériels sous François Hollande, dont celui de Najat Vallaud-Belkacem, lors qu'elle était encore ministre du Droit des femmes.