Il reste ouvert, mais ferme. Manuel Valls, qui débute lundi ses entretiens avec les partenaires sociaux, promet des "améliorations" au projet contesté de réforme du Code du travail, tout en se disant déterminer à refuser "l'immobilisme".
Dans un entretien au Journal du Dimanche, le Premier ministre s'engage à des "améliorations" de la loi Travail sur "deux points" contestés, la création d'un plafond pour les indemnités prud'homales et l'extension du licenciement économique.
Des concessions sans "immobilisme". "Concernant la barémisation pour les prud'hommes, disposition attendue par les chefs d'entreprise, des adaptations peuvent être possibles sans la remettre en cause. Nous allons en discuter", affirme-t-il. Les syndicats réformistes (CFDT, CFE-CGC, CFTC, Unsa) demandent le retrait de l'article sur le plafonnement de ces indemnités lors de licenciements abusifs. Le texte initial prévoit que les dommages et intérêts ne dépassent pas quinze mois de salaire, selon l'ancienneté, alors que la pratique est un mois de salaire par année d'ancienneté.
" Il faut bien sûr répondre aux interrogations et faire évoluer ce qui doit évoluer "
Concernant le licenciement économique, le texte prévoit que les difficultés économiques de l'entreprise soient caractérisées (baisse du chiffre d'affaires, commandes, pertes d'exploitation). Les réformistes veulent que les juges puissent continuer à "apprécier la réalité des difficultés économiques".
Prêt à des concessions, Manuel Valls se dit toutefois déterminé à refuser "l'immobilisme" et à faire voter le texte par le Parlement "avec les amendements nécessaires". "Il faut bien sûr répondre aux interrogations, aux inquiétudes, et lever les ambiguïtés, et faire évoluer ce qui doit évoluer. Il faut enrichir et compléter cet avant-projet de loi", concède-t-il. "Mais ce qui serait terrible, c'est le statu quo", met-il en garde. Interrogé sur un éventuel recours au 49-3 pour faire passer en force le projet de loi porté par la ministre du Travail Myriam El Khomri, il affirme n'avoir "jamais évoqué l'idée de mettre en oeuvre le 49-3".
Pas de "chantage à la démission". Le Premier ministre affirme également qu'il ne fera jamais "de chantage à la démission" de son poste de Premier ministre et souligne sa loyauté envers le chef de l'Etat. "Il y aurait une forme d'indécence à poser le débat autour de ma personne", déclare-t-il après avoir énuméré les défis auxquels le pays est confronté : "la menace terroriste, la crise migratoire, le risque de dislocation de l'Europe". "Mon rapport avec le président de la République est empreint de loyauté personnelle et de respect des institutions", souligne le Premier ministre, qui dit éprouver "une forme de gravité" depuis les attentats de 2015.