C'est le grand jour. Emmanuel Macron signe vendredi, en conseil des ministres, les ordonnances de réforme du code du travail. Ces dernières seront ensuite publiées au Journal officiel, ce qui en fera de facto des règlements opposables, en attendant une ratification par le Parlement. Pour le chef de l'État, c'est un moment politique fondateur du quinquennat. Pas question, donc, de modifier l'esprit du texte, quand bien même la contestation sociale se poursuivrait dans la rue.
"La démocratie, ce n'est pas la rue". Emmanuel Macron se moque d'être impopulaire. Il a prévenu : "la démocratie, ce n'est pas la rue." Et il ne cédera rien ni aux "fainéants", ni aux "cyniques", ni aux extrêmes. Le chef de l'État le dit sur tous les tons, tous les jours, personne ne le fera reculer sur cette première réforme. C'est la sienne, il a la conviction qu'elle est indispensable pour le pays. "Et en même temps", il regarde de près la contestation populaire, même si la mobilisation était en baisse jeudi par rapport au 12 septembre.
Bouger sur des points techniques. Le président sait très bien que si les luttes s'agrègent, si les cortèges s'allongent, si les routiers bloquent les routes et les raffineries, il ne pourra pas s’enfermer tout en haut du mont Olympe et attendre que ça passe. Il reste encore une possibilité que le texte bouge un peu, mais uniquement sur des points techniques, pour faire plaisir aux syndicats et essayer d'émousser leur capacité de mobilisation. Mais l'Élysée n'en fera pas la publicité. Il est hors de question pour Emmanuel Macron de donner le sentiment qu'il cède à quoi que ce soit. Il préfère être impopulaire avec les atours du courage plutôt que de baisser la garde dans le vain espoir de plaire à ceux qui, de toute façon, s'opposeront à lui.