Il a le vent en poupe. Alors que les sondages lui prédisent un score supérieur à celui du vainqueur de la primaire organisée par le PS, Jean-Luc Mélenchon tenait dimanche, en milieu d'après-midi, son meeting de rentrée au théâtre municipal de Tourcoing. Plus précisément le "déboulé de la France insoumise", selon son site de campagne, soit une prise de parole dictée par l’actualité, en l’occurrence l’affaire de la caissière d’Auchan sanctionnée pour une fausse couche, a détaillé l’entourage du candidat à La Voix du Nord.
Une assistance nombreuse. Quelques heures plus tôt, Manuel Valls, favori de la primaire de la gauche, prenait la parole devant environ 200 personnes, à une cinquantaine de kilomètres de là, dans la salle François Mitterrand de l’hôtel de ville de Liévin. Du coté de Jean-Luc Mélenchon, la salle de spectacle tourquennoise, comptant quelque 900 places, affichait complet, obligeant le candidat à débuter sa prise de parole à l’extérieur, devant une foule nombreuse de sympathisants massées devant les portes, et qui n’a pas manqué de l’accueillir par des applaudissements.
Arrivée de Jean-Luc #Mélenchon à #Tourcoing, il démarre son meeting dehors, car le théâtre est plein pic.twitter.com/76QgMNNdBy
— Maxence Lambrecq (@MaxenceLbq) 8 janvier 2017
"Un moment de protestation". "Il n’y a pas de brume assez épaisse pour que vous ne trouviez pas votre chemin pour faire ce que vous êtes en train de faire à cet instant", a-t-il lancé en préambule, sous un temps gris et pluvieux. "On est venu pour marquer un moment de protestation, d’indignation humaine contre le sort qui est réservé à tant de milliers d’ouvriers, d’ouvrières, de salariés et de petits rangs qui ne peuvent se défendre parce que toute leur vie dépend de leur travail", a déclaré Jean-Luc Mélenchon, axant très largement son discours sur une opposition entre salariés et patronat.
" C’est la vie qui fait du Zola ! "
Il a longuement évoqué le sort de Fadila, l’hôtesse de caisse du Auchan-City de Tourcoing, "une femme qui a perdu son enfant uniquement dû au mépris de ceux qui avait une responsabilité à son égard". Mais aussi "cette jeune postière, qui est dans la salle sans doute, Emeline", 25 ans, victime d’un AVC sur son lieu de travail à Villeneuve d’Ascq, en février. "On m’a dit, 'ça n’est pas la peine de faire du Zola', mais c’est la vie qui fait du Zola ! C’est vous qui faites du Zola !", s’est-il défendu, promettant, s’il est élu, de "délivrer le monde du travail de la peur du lendemain, peur de ne plus avoir d’emploi, peur de perdre sa paye". "Il y a chaque année 560 personnes qui meurent sur leur poste de travail", a-t-il voulu rappeler.
Le vote ouvrier. En tenant son meeting dans une région marquée par les fermetures d’usines, avec un taux de chômage élevé, Jean-Luc Mélenchon cherchait aussi à draguer un électorat populaire et ouvrier qui a délaissé le vote socialiste et qui n’est pas resté insensible aux sirènes frontistes. Pour rappel, lors des précédentes régionales, le PS a renoncé à une triangulaire et préféré s’effacer du second tour pour permettre à la liste de droite, conduite par Xavier Bertrand, de barrer la route à Marine Le Pen arrivée en tête du premier tour avec 40,64 % des voix.
L'impôt pour tous. "Si j’en appelle à la classe ouvrière aujourd’hui - car je suis venu pour ça - c’est pour lui dire qu’elle a tort de se laisser maltraiter dans ces conditions, et qu’elle peut tout changer par ses bulletins de vote", a-t-il lancé. Fustigeant des responsables politiques "qui ne connaissent pas la valeur du travail", Jean-Luc Mélenchon a encore promis d’abolir la loi Travail, et notamment rappelé sa proposition d’instaurer 14 tranches d’imposition pour pouvoir, selon lui, alléger la fiscalité qui pèse sur les classes moyennes.
"Etre milliardaire est immoral, à quoi bon avoir un million si c’est pour en vouloir un deuxième ? […] C’est de la richesse captée à un endroit qui pourrait être répartie entre tous les autres", a-t-il estimé. "L’impôt sera universel, qu’on ne me dise pas que c’est impossible, puisqu’ils le pratiquent aux Etats-Unis".