Nicolas Sarkozy, président des Républicains, estime, après les attentats de 2015 et 2016, que "les barbares nous attaquent" parce qu'ils "croient que nous sommes faibles" et "donc, ils se déchaînent". Dans un entretien fleuve à Valeurs actuelles, paru jeudi, celui qui n'est pas encore officiellement candidat à la primaire de la droite et du centre pour la présidentielle 2017 développe ses idées pour combattre le terrorisme.
"Cette situation est insupportable". "Je sens la République suffoquer", affirme-t-il ainsi. "En vingt mois, il y a eu 237 Français assassinés (en fait, 237 morts toutes nationalités confondues, ndlr). Ils le sont parce que les barbares qui nous attaquent croient que nous sommes faibles. Voilà la vérité. Et donc ils se déchaînent. Cette situation est insupportable." Selon l'ancien chef de l'État, "la France vulnérable, ce n'est pas la France". "La guerre nous a été déclarée. La guerre", martèle celui qui a accordé cette interview sur son lieu de vacances au Cap Nègre, dans le Var, dans la propriété familiale de son épouse, Carla Bruni-Sarkozy.
"La guerre devra être menée". Pour combattre le terrorisme, Nicolas Sarkozy estime que "la France doit être impitoyable". "Elle doit faire changer la peur de côté. Elle ne doit pas se perdre dans des débats abscons. L'État de droit, par exemple, n'a rien à voir avec les tables de la Loi de Moïse, gravées sur le mont Sinaï. Qu'y a-t-il de plus évolutif que le droit ?" s'interroge-t-il. "La guerre devra être menée par la République, partout, tout le temps, avec une détermination totale."
"La République ne reculera plus sur rien". Nicolas Sarkozy affirme également qu'"il y a une guerre extérieure et une guerre intérieure". "Pour gagner la guerre extérieure, il faudra se réconcilier avec les Russes et convaincre nos partenaires arabes d'envoyer des troupes au sol, car une guerre ne se gagne pas seulement à 10.000 mètres d'altitude. Sur le front intérieur, enfin, il faut une reprise en main. Il doit y avoir une réponse politique qui dépasse l'indispensable riposte pénale et les mesures de sécurité à mettre en place." Cette réponse "doit obéir à une stratégie simple : la République ne reculera plus sur rien. Cela implique d'interdire les expressions communautaires dans les entreprises, le voile à l'université comme dans l'entreprise et les menus de substitution dans les cantines scolaires", ajoute l'ancien président.
"Modification" du droit du sol. L'ancien chef de l'État relance également le débat sur la question du droit du sol. S'il réaffirme être "contre sa suppression", il prône "sa modification assez substantielle". "Je veux qu'on le garde, mais pas de manière automatique. Il faudra créer une présomption de nationalité, permettant de ne pas attribuer la nationalité à quelqu'un qui aurait un casier judiciaire à sa majorité, ou dont on pourrait prouver que ses parents étaient en situation irrégulière au moment de la naissance."
Le Premier ministre répond. Manuel Valls a peu goûté les propos de Nicolas Sarkozy. Le Premier ministre s'est fendu d'une réponse au président des Républicains. Selon lui, la France n'est pas attaquée parce qu'elle est "faible", mais bien "parce que nous sommes le pays des Droits de l'Homme et du citoyen, parce que nos valeurs rayonnent depuis des décennies dans le monde. Ce sont ces valeurs d'égalité, de liberté, de fraternité qui sont aujourd'hui attaquées par les terroristes".
Un discours plutôt salué à droite. Ces déclarations ont d'ores et déjà plu à certains à droite. Ainsi, le député (LR) Guillaume Larrivé a salué sur France Info cette "proposition très forte" de Nicolas Sarkozy. "L'assimilation à la communauté nationale, ça n'est pas un gros mot, ça veut dire des droits, mais ça veut aussi dire des devoirs envers la nation." Hervé Mariton, également candidat à la primaire de la droite et favorable, lui, à un rétablissement du droit du sang, a en revanche critiqué sur RTL une "demi-mesure".