Martine Aubry a perdu le Nord. La maire de Lille n'a plus le contrôle de la fédération socialiste de son fief. La semaine dernière, son protégé Gilles Pargneaux a été contraint de se retirer face à Martine Filleul, nouvelle patronne du Parti socialiste nordiste, poussée par le rival de Martine Aubry, le ministre de la Ville Patrick Kanner.
Succession de déconvenues. Depuis sa réélection à la mairie de Lille en mars 2014, Martine Aubry enchaîne les déconvenues. Perte de la présidence de la communauté urbaine de Lille l'an dernier, perte par le PS du département du Nord en mars, et aujourd'hui une fédération socialiste qui lui tourne le dos : rien ne va plus. Commentaire assassin d'un dirigeant socialiste : "pour une figure nationale comme Martine Aubry, perdre le contrôle de son parti politique localement, c'est calamiteux".
"Elle s'est fait piétiner". D'autant que cet effondrement de la maison Aubry au niveau local se couple à une disparition au plan national. En se ralliant à la ligne majoritaire incarnée par Manuel Valls au congrès du PS, l'ancienne prétendante à Matignon est rentrée dans le rang. "Elle s'est fait piétiner", affirme même un député socialiste, qui poursuit : "il n'y a eu aucune inflexion dans la politique gouvernementale, alors qu'elle expliquait avoir obtenu des contreparties sonnantes et trébuchantes".
Une popularité qui la protège. Dans ce tableau peu reluisant, Martine Aubry conserve toutefois une arme : son bon classement dans les sondages. La maire de Lille est ainsi à 53% d'opinions favorables dans la dernière livraison du baromètre Ifop/Paris Match. Une protection utile, qui lui assure encore sinon l'écoute, du moins le respect de ses camarades socialistes.