Le Congrès de la Nouvelle-Calédonie a fixé au dimanche 4 novembre 2018 la date du référendum sur l'indépendance, qui sera organisé dans le cadre du statut de l'accord de Nouméa. En dépit du "caractère historique" du texte, souligné par plusieurs élus, celui-ci n'a pas été adopté à l'unanimité. Il a rassemblé 38 voix tandis que 14 élus issus de la droite non indépendantiste s'y sont opposés, dénonçant "la repentance coloniale" contenue dans l'exposé des motifs.
"Aucune place à la fierté d'être français". Le texte a été entériné par les deux groupes indépendantistes, "UC-FLNKS et nationaliste" et UNI (Union nationale pour l'indépendance), ainsi que par les élus de Calédonie ensemble (CE, droite modérée). Les élus des Républicains Calédoniens, du Rassemblement-LR et du Mouvement populaire calédonien (MPC) ont voté contre. Ils auraient souhaité une délibération plus administrative, sans rappel historique. "Le texte qui accompagne la délibération ne fait aucune place à la fierté d'être français. Il est tourné vers le passé et est repentant", a déclaré Sonia Backès, chef du groupe des Républicains Calédoniens.
"La colonisation portait la négation de l'identité kanak". Fortement inspiré du préambule de l'accord de Nouméa de 1998, l'exposé des motifs rappelle que "la colonisation portait en elle la négation de l'identité kanak" mais également que la Nouvelle-Calédonie "s'est engagée dans un processus négocié" (...) pour "tourner la page de la violence et du mépris pour écrire ensemble les pages de paix, de solidarité et de prospérité". "On ne peut pas fixer la date d'un référendum sans mettre en place son contexte politique. C'est un rendez-vous historique. C'est pour ça que nous étions opposés à une délibération purement administrative", a estimé Jacques Lallié, élu UC-FLNKS, qui a voté pour le texte.
Différend au sein des loyalistes. Le différend au sein des loyalistes, qui se déchirent depuis des années, avait conduit, le 28 février, à l'implosion d'un groupe de discussion sur la préparation du lendemain du référendum, dont la mise en place avait été voulue par le Premier ministre Edouard Philippe. En vertu de l'accord de Nouméa, qui a instauré depuis 1998 un processus progressif de décolonisation, les élus locaux avaient jusqu'au mois de mai pour pouvoir eux-mêmes décider de la date du scrutin. Au-delà, c'est l'Etat qui aurait pris la main et organisé d'office le référendum au plus tard en novembre 2018. Cette séance houleuse est intervenue à une semaine de la tenue, le 27 mars à Matignon, du comité des signataires de l'accord de Nouméa.