Près de 32.000 personnes indépendantistes (15.000) et non-indépendantistes (17.000) se sont mobilisées samedi à Nouméa, selon les forces de l'ordre, au sujet de l'élargissement du corps électoral en vue des prochaines élections provinciales en Nouvelle-Calédonie. Les manifestants se sont retrouvés dans le centre-ville, séparés par un "cordon sanitaire" mis en place par les forces de l'ordre.
Le projet de loi constitutionnelle visant à ouvrir le corps électoral aux personnes résidant sur le territoire depuis au moins dix ans est en cours d'examen au Parlement et a ravivé les tensions entre les partisans de l'indépendance et ses opposants.
Après avoir été adopté au Sénat, il doit être examiné par l'Assemblée nationale dans le courant du mois de mai. "Paris, entends-nous !", a scandé devant une foule essentiellement européenne Sonia Backès, la cheffe de file loyaliste, à l'initiative de cette mobilisation avec le Rassemblement-LR (droite) pour montrer son attachement à la France et à l'ouverture du corps électoral.
"Fiers d'être Calédoniens, fiers d'être Français !"
Le cortège a effectué une boucle au son de la Marseillaise et au rythme des slogans : "On est chez nous !", "Pas de liberté sans démocratie ! La démocratie, c'est nous ! La France c'est nous !", ou encore : "Fiers d'être Calédoniens, fiers d'être Français !". "Ce n'est pas une démarche contre le peuple kanak mais ce n'est pas normal que nous n'ayons pas ce droit citoyen. C'est une aberration que l'on n'ait pas les mêmes droits qu'ailleurs dans la République !", a déclaré à l'AFP Bertrand, un manifestant de 67 ans installé depuis trois mois en Nouvelle-Calédonie.
"Ici, c'est la France. On a voté trois fois non à l'indépendance. Si les indépendantistes n'ont pas voulu voter, c'est leur problème. Je suis là parce que je veux que tous les gens puissent voter chez eux", a déclaré Guillaume, 17 ans, résidant de Koumac, dans le nord de la Grande-Terre.
"La paix est menacée parce que l'État est sorti de son impartialité. Il a touché un tabou et il faut résister. Le dégel du corps électoral nous mène à la mort", a de son côté estimé Roch Wamytan, l'un des responsables de l'Union calédonienne, le principal parti indépendantiste du FLNKS (Front de libération nationale kanak et socialiste). On pouvait également lire de nombreux appels à ne pas signer le "pacte nickel" proposé par le ministre de l'Économie Bruno Le Maire pour soutenir la filière industrielle calédonienne.